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tans de quelques hameaux parlent basque, tandis que dans une autre partie de la commune le langage est de source latine ; mais, vu le manque de relevés statistiques, il est impossible d’indiquer sur la carte toutes les sinuosités de la ligne de démarcation. On peut dire seulement que cette ligne, commençant sur les premiers contreforts des Pyrénées, au sud de Biarritz et de Bayonne, traverse la Nive près de Villefranque pour gagner les collines de Saint-Pierre d’Irube et de Mouguerre, puis se développe sur le flanc des coteaux qui dominent la vallée de l’Adour. Les Basques parlant encore l’idiome de leurs ancêtres occupent tous les promontoires, tandis que les populations à patois gascon pénètrent au loin dans les vallées : une courbe de niveau semblable à celles que l’on trace sur les cartes pour marquer la différence des altitudes indiquerait ainsi la frontière entre les deux langues.

Du côté de l’est, le pays basque, comprenant le district de Bidache, est d’abord limité par le cours inférieur de la Bidouze, puis la ligne de séparation suit le faîte des hauteurs entre la ville basque de Saint-Palais et la ville béarnaise de Sauveterre et descend dans la vallée du Saison, près du village de Charritte, au nord de Mauléon. Au sud-est, on parle encore l’eskuara ou basque dans les communes de Barcus et d’Esquiule, à quelques kilomètres d’Oloron, puis la chaîne des collines qui sépare la vallée du Saison de celle du Vert, et qui se redresse de cime en cime vers la grande crête des Pyrénées, est le rempart qui pendant de longs siècles depuis l’époque gallo-romaine a servi de ligne de défense aux populations aborigènes contre l’invasion des patois d’origine latine. Ce boulevard n’a été franchi que sur un seul point, dans le haut vallon de Montory, où des Béarnais ont pu s’établir en passant un col très facile, mais de ce vallon jusqu’à la frontière espagnole l’arête des montagnes de Sainte-Engrace, d’une élévation moyenne de plus de 1,000 mètres, domine de vastes solitudes de landes et de forêts que parcourent seulement les bergers et les bûcherons. Ce chaînon secondaire se rattache à la grande chaîne par le superbe pic d’Anie, pyramide de 2,500 mètres de hauteur, placée comme une borne à l’angle du pays.

En Espagne, les limites précises de la langue euskarienne sont encore moins connues que du côté de la France, et ne correspondent pas davantage aux circonscriptions géographiques. L’ancien royaume de Navarre et les trois provinces d’Alava, de Guipuzcoa et de Bilbao sont en général indiqués comme le domaine d’Euskariens parlant toujours la langue de leurs pères ; mais une grande partie de cet espace est depuis longtemps envahie par l’influence latine, et les populations se servent d’un castillan mélangé de