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pour y tenir longtemps; que dès lors et afin d’exécuter plus aisément ses desseins en Italie et en Allemagne, il lui convenait de s’accorder avec son belliqueux adversaire, qui lui ferait l’abandon entier de l’une, et dont l’argent l’aiderait à aller défendre l’autre.

Après avoir un peu hésité, il consentit à rentrer en négociation. Toutefois il voulut tirer parti de la position où l’avait mis le succès de ses armes pour faire la paix le plus qu’il pourrait à son avantage. Il envoya à l’archiduchesse Marguerite plusieurs projets qui descendaient des dispositions les plus rigoureuses du traité de Madrid jusqu’aux arrangemens moins durs de Burgos[1]. Dans le projet le plus favorable, il exigeait toujours l’évacuation complète de l’Italie par François Ier préalablement à la délivrance de ses deux fils, et il l’obligeait non-seulement à y abandonner tous ses alliés, mais encore à y contraindre par la force les Vénitiens de rendre les villes qu’ils occupaient sur les côtes de la Fouille et de la Calabre, s’ils ne les quittaient pas de plein gré.

L’archiduchesse d’Autriche, ayant reçu les pleins pouvoirs de l’empereur son neveu, en informa la régente Louise de Savoie. Elle lui proposa de se trouver dans la ville de Cambrai, qui confinait à la France et aux Pays-Bas et où tant de traités avaient été conclus depuis le commencement du siècle. Les conférences durent s’y ouvrir entre les deux dames vers la fin du mois de juin. Tandis que la tante de Charles-Quint et la mère de François Ier, munies de leurs instructions et chargées de débattre les intérêts les plus hauts, allaient engager une négociation dont l’heureuse issue était moins espérée que souhaitée, les deux princes se disposaient également à poursuivre la guerre en Italie.

Charles-Quint était arrivé à Barcelone, où se réunissait la grande flotte de navires espagnols et génois sur laquelle il devait monter avec son armée. Quelques semaines avant qu’il pût faire voile vers les côtes d’Italie, il conclut, le 29 juin 1529, un traité avec le pape, dont il acquit l’utile amitié. Clément VII lui accordait l’investiture définitive du royaume de Naples, et s’engageait à le couronner solennellement comme empereur; de son côté, Charles-Quint promettait de faire restituer au saint-siège Cervia et Ravenne par la république de Venise, Reggio, Rubiera et Modène par le duc de Ferrare, et de rétablir les Médicis dans Florence[2]. Sa flotte, composée de trente-quatre galères et de quatre-vingts navires de transport, étant appareillée, il y embarqua les onze mille hommes de pied et les

  1. « Monseigneur, l’instruction que m’avez envoyée pour la dicte paix contient divers moyens et me ordonnez les practiquer par ordre et de degré en degré, etc. » Lettre de Marguerite d’Autriche à Charles-Quint, du 26 mai 1529. — Lanz, Correspondance de l’empereur Charles V, vol. Ier, p. 300.
  2. Dumont, Corps diplomatique, vol IV, 2e partie, p. 1 et seq.