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valcanti arrivait de Florence. Il dit au roi que, depuis la déroute du comte de Saint-Pol à Landriano, il n’y avait plus de forces françaises en Italie, où se trouverait bientôt Charles-Quint et où la cité de Florence aurait à se défendre d’un pape et d’un empereur très puissans. François Ier le rassura. « Si la guerre se continue, répondit-il, tous les moyens sont prêts. J’ai déjà dix mille lansquenets à Lyon. Vous pouvez y envoyer, et si vous ne trouvez pas qu’il en soit ainsi, dites que je suis le plus triste homme du monde. J’ai de plus fait rassembler dix mille aventuriers français et huit mille Suisses, les hommes d’armes et tout ce qui est nécessaire, avec ordre d’être dans cette ville le 8 du mois d’août. Vos seigneurs peuvent donc se promettre une pleine sécurité par la guerre. Quant à la paix, si elle se fait, vos seigneurs y seront compris avec tous mes confédérés et amis. Vous n’avez donc rien à craindre. Je suis disposé à passer tout de suite en Italie, si l’empereur y passe. Je crois que de toute façon je lui serai supérieur, attendu qu’il ne peut pas y aller très fort, et, s’il y va faible, vous le verrez prisonnier. Tout homme de jugement doit désirer son passage, et moi je suis un de ceux qui le désirent. » Alors Carducci lui dit : « Sire, votre majesté m’a tant de fois affirmé et répété les mêmes choses que, si je ne les vois pas s’accomplir, je ne croirai jamais plus à parole de roi, et je douterai même si j’ai à croire en Dieu. — Vous auriez mille fois raison; mais je l’ai promis, et je le tiendrai[1]. »

Tout en donnant ces assurances avec un peu d’exagération, François Ier les donnait de bonne foi. Instruit par le grand-maître Anne de Montmorency des difficultés soulevées à Cambrai, il venait de lui écrire de Couci qu’il fallait mettre un terme à toutes ces longueurs et en quelque sorte rompre. « Mon cousin, lui disait-il, connoissant que mon affaire me presse merveilleusement de partir pour aller à Lyon, et de là en mon camp que je fais dresser en Dauphiné, vu mêmement la grande et extrême dépense que j’ai présentement sur les bras, laquelle à cette heure croît et augmente à cause d’un gros nombre de lansquenets nouveaux qui me sont venus et viennent comme vous savez, lesquels, avec ceux qui sont déjà à mon service, seroient pour me consumer, manger et fouler mon royaume et sujets, si je ne les employé promptement, suivant mon premier dessein. À cette cause, vous solliciterez Madame à ce qu’il lui plaise entendre la résolution de la paix, car je ne puis partir sans premièrement avoir parlé à elle, et que nous ayons advisé ensemble ce qu’elle aura à faire pour mon royaume pendant mon absence[2]. » Il écrivait en même temps à sa mère : « Puisque l’em-

  1. Lettre de Carducci aux dix de la liberté, du 22 juillet 1529.
  2. Lettre de François Ier au grand-maître Anne de Montmorency, du 17 juillet 1529. — Mss. Béthune, vol. 8526, f° 87.