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REVUE LITTERAIRE
DES PUBLICATIONS NOUVELLES

I. Bossuet orateur, études critiques sur les sermons de la jeunesse de Bossuet, par M. B. Gandar, 1 vol. in-8o,1867. — II. La Fontaine et les fabulistes, par M. Saint-Marc Girardin, S vol. in-8o, 1867. — III. Laurette de Malboissière, lettres d’une jeune fille du temps de Louis XV, publiées par Mme la marquise de Lagrange, 1 vol. in-18. — IV. Gustave III et la cour de France, par M. A. Geffroy, 2 vol. in-8o, 1867. — V. La Philosophie de Goethe, par M. E. Caro, 1 vol. in-8o. — VI. Calendal, poème de Frédéric Mistral, 1 vol. in-8o ; Avignon et Paris, 1867.

Les esprits qui aiment à se rendre compte du spectacle des choses présentes, ceux qui dans le mouvement tumultueux d’une société cherchent à dégager le principe, la loi, ou tout au moins l’idée maîtresse, ceux qui voudraient ramener à un système, à une théorie unique, la variété toujours croissante des phénomènes et des symptômes, ceux-là certainement, s’ils interrogent la littérature comme l’expression des sentimens publics, sont plus embarrassés aujourd’hui que ne le furent jamais leurs devanciers. A quelle autre époque vit-on une confusion pareille ? Et je ne parle pas seulement de notre France, cette remarque est vraie de tous les peuples associés à l’œuvre de la civilisation. Le caractère de toutes les littératures européennes en cette période que nous traversons, c’est précisément l’absence de caractère. Je ne veux pas dire que tout dégénère, que tout s’affaisse et tombe. Ces lieux-communs ne sont pas de notre goût. Soit que chaque génération les répète à l’heure de son déclin, soit que la jeunesse, en ses nobles exigences, les redise tous les vingt ans avec un rigorisme farouche, il nous répugne d’y souscrire. Je serais plutôt de l’avis de celui qui écrivait ici même il y a un quart de siècle : « Quoi ! l’homme.est si peu de chose, et cependant son esprit enfante toujours ! Sans fin, sans