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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 mars 1867.

Les grands débats de notre chambre représentative sur la politique européenne, les rapides progrès du mouvement de concentration qui s’accomplit en Allemagne, l’élaboration des mesures politiques et militaires qui se préparent en France, forment un ensemble où l’intelligence de l’observateur des affaires publiques commence à pouvoir s’orienter avec certitude. D’après les résultats vérifiés, les responsabilités avérées, les nécessités démontrées, on peut dès à présent établir l’unité des vues sur la conduite à suivre et embrasser avec une conviction active les devoirs présens et futurs du patriotisme français.

« Il n’y a plus de fautes à commettre, » a dit M. Thiers en terminant ces discours qui resteront comme un modèle admiré de la discussion des grandes affaires d’état ; « nous n’avons point commis de fautes, » a répondu M. Routier dans son rôle difficile et vigoureusement soutenu d’apologiste officiel. Les contemporains ne souscrivent point à la déclaration de M. le ministre d’état, qui ne recevra pas non plus la sanction de l’histoire ; mais pour le moment toute argumentation qui n’aboutirait qu’à des récriminations serait un passe-temps stérile. — Il n’importe de signaler et de définir les fautes commises que comme une matière d’expérience où nous devons trouver des leçons lumineuses pour notre conduite future.

La faute capitale, l’année dernière, a été de laisser conclure le traité entre la Prusse et l’Italie. La date et la principale condition de ce traité sont connues. Les conventions secrètes ne restent pas longtemps enfouies à notre époque dans les mystères des chancelleries. Le traité entre la Prusse et l’Italie fut signé au mois de mars. C’était une alliance offensive et défensive. La Prusse s’engageait à continuer la guerre jusqu’à ce que l’Italie eût obtenu la Vénétie ; l’Italie contractait une obligation analogue jusqu’à ce que la Prusse eût obtenu en Allemagne un accroissement territorial d’une importance équivalente à celle de la Vénétie. Voilà ce qui fut convenu au mois de mars de l’année dernière. À moins de s’imaginer que