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n’ont besoin d’une arme à feu que pour donner un signal quand ils sont en vedette, ou quand, déployés en tirailleurs, ils ont à couvrir d’une ligne de vaine fumée le terrain sur lequel l’infanterie et l’artillerie prennent leurs dispositions d’attaque ou de défense. Débarrassons-les donc de ce long et lourd fusil et de ce pistolet à peu près pur du sang répandu dans les guerres modernes, On pourrait les remplacer tous les deux par un mousqueton se chargeant par la culasse et passé dans la fonte gauche allongée. Nous tenons tant à alléger hommes et chevaux et à diminuer les frais d’équipement, que nous voudrions remplacer la giberne par un cercle de tubes recouvert de caoutchouc et entourant la fonte droite, destinée à recevoir une hachette ou un piquet de campement.

De quelle utilité la sabretache est-elle aux hussards, aux chasseurs et aux canonniers d’artillerie légère, qu’on a embarrassés de ce dispendieux ornement ? Nous ne soupçonnons personne d’attendre de nos beaux dragons le service des dragons des guerres de Louis XIV et de la bataille de Fontenoy. Emmaganisons bien vite leurs odieux fusils.

L’artillerie française, que notre affection pour celui qui la dirige ne nous fera pas trop vanter, est au moins l’égale des meilleures artilleries de l’Europe. Les canons rayés, chers, à la multitude émerveillée de quelques boulets creux qui, à Solferino, respectant les premières lignes de nos adversaires, ont éclaté au milieu d’une petite fraction de leur extrême réserve, ont besoin d’acquérir plus de tir tendu, plus de tir horizontal. A ceux qui conseillent à notre armée une quantité de canons telle qu’elle dispenserait les généraux d’avoir du génie, nous rappellerons que, pour la France, l’ère des bataillons très jeunes, accompagnés de canons très nombreux, a été l’ère des victoires infructueuses suivies de désastres irréparables.

Convient-il de multiplier les canons au-delà des proportions ordinaires quand l’infanterie a des armes de précision dont la portée dépasse la portée de la vue humaine ? On ne rencontre pas souvent des champs de tir de deux mille cinq cents à trois mille mètres.

L’art d’attaquer et de défendre les places n’a pas été pratiqué dans la guerre qui vient de transformer l’Europe centrale. Gardons-nous néanmoins d’en négliger l’étude. Maintenons notre noble corps du génie à la hauteur de sa grande et légitime réputation, sans lui donner plus de mineurs et de sapeurs qu’il n’en faudrait pour le siège de toutes les places fortes du continent européen.

Avec leur part dans les réserves maintenant disponibles, les armes spéciales et la cavalerie seraient tellement pourvues, que le contingent dont les conseils de révision s’occupent aujourd’hui ou