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commandée. Supportant plus gaîment qu’aucune autre la fatigue des longues marches, elle est la seule qui se batte dans la misère aussi bien que dans l’abondance. Si, comme nous n’en doutons guère, l’artillerie parvient à améliorer son tir, à allonger la portée de la mitraille, quelle est l’infanterie qui en souffrira le moins ? Celle qui sait se faire devancer par des tireurs audacieux, lestes, adroits à profiter du moindre pli de terrain, d’un arbre, d’une pierre, impatiens d’atteindre un point d’où ils ne laisseraient pas longtemps debout les servans et les chevaux d’une batterie ennemie.

Doublons le nombre des élèves de Saint-Cyr destinés au service de l’infanterie. On en aura besoin pour remplir les vides que fera dans ses rangs l’organisation de la garde nationale mobile.

Le camp de Châlons est dans des conditions excellentes. Ne pourrait-on en établir un autre sur les côtes, dans l’air vivifiant de la mer ? A la fin de l’été, les deux corps d’armée, marchant compactes, bivouaquant aux portes des villes, sur des terrains déjà dépouillés de leurs récoltes, ne pourraient-ils achever leurs exercices dans le camp où ils ne les auraient pas commencés ? Ce dernier exercice ne serait pas le moins utile de tous. Nous souhaitons aussi que les échanges de troupes entre nos grands centres militaires se fassent par division marchant réunie, accompagnée de son artillerie, bivouaquant aux portes des villes. Celles-ci, exemptes en cette occasion de loger les troupes, ne refuseraient pas de donner aux propriétaires des terrains de bivouac une indemnité dont le chiffre ne saurait être très élevé. Si les exigences de quelques-uns de ces propriétaires étaient exagérées, une commission légalement nommée prononcerait, pour cause d’utilité publique, sur ces prétentions malséantes.


VIII

Dans cet écrit, où un solitaire qui a beaucoup pensé aux choses de la guerre s’est efforcé d’être bref, on trouvera de ces vérités qui courent les corridors des écoles militaires et des casernes. Il n’en rougira pas, s’il peut contribuer à faire comprendre que le patriotisme et l’humanité nous commandent de préférer à trois armées flasques, peu rassurantes pour notre honneur, écrasantes pour la population, ruineuses pour le trésor, une armée bien préparée aux labeurs de la guerre, capable de donner à la réserve et à la garde nationale mobile le temps de s’organiser.

Les élémens de cette armée sont sous la main du gouvernement. Nous le supplions de les condenser. Les dix-huit membres de la