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réelle eucharistique, l’efficacité des œuvres, l’autorité de l’église et des six premiers conciles, sont solennellement reconnus et définis suivant la tradition séculaire. Répondant à des besoins du moment, chacun de ces manifestes peut offrir de graves lacunes ; pris dans leur ensemble, ils constituent à eux trois un exposé complet de propositions catholiques dirigées contre la réforme.

Telle est au XVIe siècle l’œuvre de l’église d’Angleterre. L’âge suivant voit ces principes couronnés d’un triomphe complet, et d’illustres évêques, les Andrews, les Laud, les Bramhall, les Barrow, les consacrent par leurs écrits. Un moment cependant, sous la république, on peut croire que le protestantisme va renverser le saint édifice ; mais la tempête ne fait que passer. L’épreuve toutefois est cruelle et la persécution féconde ; le nom du primat Laud vient s’ajouter à celui de tant d’illustres martyrs dont le sang atteste que l’église d’Angleterre existe en dépit des anathèmes de Rome et des nouveautés de la réforme.

Il subsiste encore aujourd’hui, cet édifice battu par tant d’orages. Affranchi de la sujétion romaine, le clergé qu’il abrite croit l’heure venue de repousser également la tutelle de l’état, et de montrer qu’en Dieu seul est sa force et son espoir. Aujourd’hui le cœtus fidelium, l’église visible de Dieu, le grand tout catholique comprend donc trois portions distinctes dans son unité : l’église romaine, l’église grecque, l’église anglaise, — et ces trois rameaux, sortis du même tronc couvrent de leur ombre les fidèles unis par la vérité et par l’amour.


IV

Fausses ou vraies, ces théories entraînaient de trop graves conséquences pour ne pas frapper tous les esprits. En elle-même, une pareille doctrine contenait la négation absolue du protestantisme anglican. Aussi la polémique soulevée autour des novateurs arriva-t-elle à un degré d’extrême violence. Les dissidens se montraient fort animés. « Produisez, disaient leurs pasteurs, la charte divine et spéciale qui institue un épiscopat et remet à ses membres la garde des sacremens. » Pour toute réponse, les tractariens montraient en Orient comme en Occident la suite continue des évêques, chaîne sans fin se déroulant depuis les apôtres.

Mais, par une réaction facile à comprendre, l’épiscopat, d’abord hostile au mouvement, se prit à considérer la théologie nouvelle d’un œil plus favorable. Ses prélats avaient craint un retour vers le romanisme, ils voyaient maintenant que la doctrine naguère condamnée pouvait préserver plus d’un fidèle. M. Pusey et les siens