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LE
PAGANISME POETIQUE
EN ANGLETERRE

I. Swinburne’s Atalanta in Calydon, 1865. — II. Chastelard, 1866. — III. Poems and Ballads, 1866. — IV. Notes on Poems and Reviews, 1867. — V. Keats’s poetical works, an enlarged edition with a memoir, by lord Houghton, 1865.

Il y a depuis quelques années une sorte de renaissance des fables grecques. En même temps que les arts demandent des sujets à la mythologie et que la vie antique, étudiée avec plus d’exactitude par le pinceau ou reproduite plus en détail par le bronze et le marbre, reprend faveur, on voit les poètes suivre le même courant et retourner les uns après les autres à ces vieilles fictions qui semblaient avoir perdu toutes leurs grâces. Ce qu’on a pu prendre d’abord, pour un caprice est bien près de devenir un signe du temps ; ce qu’il était impossible de prévoir et d’annoncer il y a trente ans se réalise aujourd’hui. Nous aurions tort de nous étonner de cette ferveur nouvelle. Une génération tout entière s’était appliquée à brûler ce qu’on avait trop longtemps adoré, la réaction devait se produire ; il était naturel aussi qu’un temps comme le nôtres curieux, inquiet, se sentant appelé à renouveler la poésie comme les autres domaines de l’intelligence, voulût interroger toutes les voix et remonter à toutes les sources. Ici l’on a puisé à la source grecque, et il en est sorti une poésie savante et classique dans le beau sens du mot. Là on a creusé le moyen âge et sondé la fontaine oubliée des