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offre, dit-on, l’exemple le plus ancien. Les liquides d’égouts y sont répandus sans qu’il soit besoin de les élever artificiellement, sur des prairies en contre-bas de la ville, que cet engrais puissant a rendues magnifiques. On en jugera par le résultat obtenu ; Le nombre des coupes de foin est de trois ou quatre par an, et ces prairies, découpées en petits lots, sont affermées au prix incroyable de 1,100 francs l’hectare. L’accroissement de valeur que la terre acquiert par ce traitement est en général si considérable que l’organisation des réseaux de drainage urbain se transforme en une opération industrielle avantageuse, et que les cités où le système est établi dans de sages conditions se créent par là une abondante source de revenus. On estime que l’eau d’égout, rendue au lieu d’arrosage, vaut environ 20 centimes par mètre cube. Ce n’est pas un chiffre insignifiant, si l’on fait attention qu’en bien des localités ces eaux sont considérées comme un fléau dont les municipalités ne savent comment se débarrasser.

Après avoir exposé l’idée en quelque sorte théorique qui doit présider à l’assainissement des agglomérations humaines, après avoir montré ce qu’il y aurait de mieux à faire dans une localité où tout serait à créer ; il convient de s’en tenir à un type moins général, et de dire comment on s’y est pris en certaines villes dont les travaux municipaux méritent à juste titre d’être étudiés par le détail. Étant admis le principe que les immondices doivent être noyées dans une grande quantité d’eau et entraînées par un courant sans cesse renouvelé, il faudrait peut-être examiner d’abord les divers ouvrages qui ont pour but d’approvisionner les villes d’eaux pures et abondantes ; mais cette question exige de tels développemens qu’elle ne doit pas être traitée d’une façon incidente ; nous y reviendrons plus tard. Nous ne nous occupons en ce moment que d’évacuer les eaux dont le terrain est imbibé, soit qu’il s’agisse des eaux ménagères et industrielles dont le contact est insalubre, des eaux d’infiltration nuisibles par l’humidité qu’elles engendrent ou simplement des eaux pluviales, qui ne deviennent gênantes que par instans, lorsqu’elles acquièrent un volume tel qu’elles engorgent les tuyaux de conduite qui leur sont destinés.

Quoique l’idée d’assainir par un drainage perméable les sous-sols des terrains bâtis soit encore bien nouvelle, les villes de la Grande-Bretagne ont eu souvent recours à ce mode efficace de dessèchement et de désinfection ; mais elles sont surtout remarquables par l’extrême développement que reçoivent les réseaux imperméables. Le système moderne à circulation continue a pris d’autant plus d’extension qu’il est plus économique que l’ancienne méthode. Il n’exige pas en effet la construction de larges galeries souterraines en maçonnerie, comme on en faisait autrefois, et