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d’innover en tout ce qui touche aux mœurs et aux habitudes ; d’ailleurs, beaucoup de voies publiques étant encore privées d’égouts, l’exécution en devait être différée. Toutefois ce n’est qu’affaire de temps. Autour de chaque îlot de maisons, sous le solde chaque rue, il doit donc y avoir une galerie souterraine, de forme ovoïde et de 2m30 de haut sur 1m30 en sa plus grande largeur. De chaque côté se détachent des embranchemens latéraux qui s’avancent jusqu’au mur de face des fondations ou pénètrent même sous les maisons, et recueillent les liquides impurs de la surface supérieure. Ces galeries, qui sont les plus étroites du projet actuel, débouchent en des canaux plus larges que l’on nomme collecteurs. Il y en a sept en tout, dirigés de l’est à l’ouest, avec une pente suffisante pour que les immondices ne puissent jamais s’y accumuler. Chacun d’eux dessert l’ensemble des rues et des quartiers compris entre deux lignes de hauteurs. Ainsi l’un d’eux, qui suit toute la longueur de la rue de Rivoli, assèche la dépression du Marais ; un autre, sur le quai de la rive gauche, absorbe les eaux de la Bièvre. Ces collecteurs ont des dimensions variables, suivant le volume d’eau qu’ils doivent débiter et l’étendue de la surface du soi à laquelle ils correspondent. Loin d’en exagérer inutilement la largeur, on s’aperçoit déjà que les premiers construits, avec une section jugée à cette époque excessive, sont plus étroits qu’il ne faudrait. L’intérieur de ces voies souterraines est au reste fort propre, en dépit du hideux contingent qu’elles recueillent. Les liquides impurs s’écoulent au milieu du canal entre deux banquettes sur lesquelles les ouvriers de service circulent à pied sec ; au sommet sont suspendus des tubes qui distribuent l’eau claire aux divers quartiers de la capitale. On songe à y installer aussi les conduites du gaz d’éclairage, afin d’en faciliter la surveillance et d’éviter les excavations qu’il est nécessaire, de temps à autre, de creuser dans les rues pour réparer ces tuyaux.

Les cinq collecteurs de la rive droite se réunissent sur un tronc commun qui va de la place de la Concorde à la place Laborde ; les deux de la rive gauche viennent se joindre aux précédens après avoir traversé la Seine au moyen d’un énorme siphon enterré dans le lit du fleuve à 2 mètres au-dessous des plus basses eaux. Les liquides impurs que produit la ville entière se réunissent donc là. Rejeter, ce torrent noir et infect dans la Seine, auprès du pont de la Concorde, on n’y pouvait songer ; les eaux en eussent été corrompues, au grand préjudice des bains, des lavoirs et des autres industries qui vivent sur le fleuve ; même la salubrité des habitations qui bordent les deux rives en eût été compromise. On ne pouvait non plus prolonger les collecteurs le long du quai jusqu’en dehors