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avec la nécessité des transformations qui s’imposent aux agriculteurs. Y a-t-il des combinaisons susceptibles de rétablir l’équilibre voulu par la justice et incessamment rompu par les changemens des cultures ou des procédés ? Toute la question du métayage contemporain peut se ramener à ces termes. Niez-vous la possibilité de semblables combinaisons, alors point d’association véritable, point de base solide pour le contrat, point d’améliorations sérieuses, point d’efforts soutenus de la part du métayer, mais une évidente déperdition des forces de la nature et un volontaire engourdissement des ressources de l’activité humaine. L’alternative dérive ici de la logique la plus élémentaire. Les faits en rendent eux-mêmes témoignage. Le système est en progrès dans les régions où il tend par des modifications plus ou moins réfléchies vers l’équilibre signalé ; il reste stationnaire et arriéré dans les lieux où l’on n’a pas encore une notion bien nette du résultat à poursuivre. Nulle part néanmoins il ne serait juste d’augurer de ce qu’il peut devenir par ce qu’il a été jusqu’à cette heure.

On conçoit du reste que le problème s’impose aujourd’hui plus impérieusement à l’examen et par suite des transactions économiques internationales, et par suite des facilités que les chemins de fer offrent pour le transport des produits de la campagne. La compétition résultant des circonstances fait à l’agriculture aussi bien qu’à l’industrie une loi absolue des recherches infatigables et des progrès incessans. On ne peut plus se contenter comme autrefois de suivre le bœuf dans son pénible sillon.

Si l’on connaît seulement quelques-unes des conditions les plus ordinaires du métayage tel que le passé l’avait compris, on n’a pas de peine à juger qu’il ne satisfait guère sous sa forme ancienne à ces nouvelles exigences qui stimulent les intérêts, éveillent les ambitions. Malgré les diversités qu’on y rencontre suivant les localités, le type le plus général s’accorde avec le métayage périgourdin, et plus on regarde en arrière, plus on voit que partout les variantes du système consistent en clauses onéreuses pour le métayer ; on remarque aussi que là où ces clauses sont restées en usage, la culture languit dans l’état le plus fâcheux. J’ai hâte de le dire, sur les points où la condition du métayeur se rapproche le plus de l’association, le progrès est mieux caractérisé. Il y a eu jadis des cas, et il y en à peut-être encore aujourd’hui, où la part du métayer était réduite au-dessous de la moitié, à un tiers et même à un quart. Ce qui paraît le plus général dans le passé et ce qui n’est pas très rare à l’heure qu’il est, c’est l’habitude de stipuler certaines conditions propres à troubler indirectement l’égalité du partage. Ainsi, dans certaines contrées, le propriétaire se réserve le droit de prélever en sus de sa moitié la dixième gerbe, c’est-à-dire une sorte de