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Il faut se borner, et pourtant il y aurait encore dans cette même galerie beaucoup à observer en produits nouveaux, l’acide phénique par exemple, un désinfectant énergique qu’on a employé avec plus ou moins de bonheur comme préservatif du choléra ; le tungstate de soude, qui, comme le phosphate d’ammoniaque, rend les tissus incombustibles ; la baryte, dont les préparations se multiplient, et qui vise à suppléer dans la peinture le blanc de céruse et le blanc de zinc ; les sulfures de carbone, qui sont la base de la plupart des poudres inventées pour la destruction des insectes, et dont l’emploi peut, à l’aide d’appareils ingénieux, s’étendre aux charançons, qui dévastent les grains ; enfin des compositions de pâtes appliquées aux arts céramiques et qui contribuent à leur donner ce degré de perfection qui est pour le public l’objet d’un perpétuel étonnement. Notons comme dernier travail à signaler la reproduction rigoureusement exacte des pierres précieuses, dont plusieurs de nos savans s’occupent, et qui a l’air d’un défi jeté à la nature dans ce qu’elle a de plus rare et de plus raffiné.

Nous voici au fer et à l’acier ; ce n’est pas sortir des affinités chimiques. Aucun intérêt d’industrie n’est plus vif que celui-là ; il touche à un égal degré tous les pays de forges. La Belgique y songe comme l’Angleterre, l’Allemagne comme la France. On peut en juger par leurs expositions, qui sont vraiment imposantes. La collection est complète non-seulement pour les produits, mais pour les instrumens qui les façonnent ; dans les grandes galeries et dans le parc, on en peut voir quelques-uns à l’œuvre. Voici par exemple la série des outils qui composent l’atelier mécanique ; pas un de ces outils qui ne soit un instrument de précision. Celui-ci tournera la roue d’une locomotive, celui-là polira la surface intérieure d’un cylindre, un autre donnera le fini à une bielle ou à une manivelle. Tout détail a son appareil, et une pièce, avant d’être achevée, aura passé par cinq ou six de ces appareils. Il y en a pour forer, fileter, mortaiser, raboter ; l’œil ne se lasse pas de suivre l’outil à l’œuvre, mordant le fer comme si c’était du bois. L’ouvrier n’a là qu’une tâche, — régler l’outil quand il marche, l’aiguiser quand il s’émousse. La machine fait le reste et avec un degré de perfection qu’une main habile n’eût pas surpassé. A la forge, des opérations analogues se reproduisent pour les grosses œuvres, et quel dommage qu’on n’en puisse pas donner le spectacle à cette foule avide d’émotions ! C’est là qu’il faut voir le métal, qui au sortir du four à puddler n’est qu’un bloc grossier, se corroyer sous le marteau-pilon et prendre dans les engrenages du laminoir toutes les formes qu’il doit revêtir pour la destination commerciale qui lui est réservée, barres, rails, verges, feuilles, fils de tout calibre, puis se diriger docilement vers les