Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 69.djvu/745

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

semble en effet que le problème, s’il doit être résolu, le sera par des voies moins directes. La question peut se réduire à ces termes généraux : trouver des combinaisons chimiques qui se fassent aisément sous l’influence du soleil et qui puissent se défaire à un moment donné de façon à être converties en travail. Est-ce tout ? Oui, si l’on y ajoute les réserves nécessaires au sujet de ce que coûteraient les matières et les manipulations auxquelles il faudrait recourir.

La chimie tient une place importante dans l’Annuaire de M. Dehérain. Nous y trouvons un chapitre sur l’origine des pétroles. Comment se forment ces carbures d’hydrogène si inflammables que l’Amérique nous envoie en quantité considérable, et dont la consommation s’accroît chaque jour ? On a longtemps regardé les combinaisons de l’hydrogène et du carbone comme provenant de débris organiques décomposés au sein de la terre, telles sont les houilles, les anthracites, les lignites ; mais que dire des pétroles, qui semblent, dans beaucoup de cas, sortir de profondeurs où des végétaux n’ont jamais pu être emprisonnés ? Admettra-t-on que le carbone et l’hydrogène aient pu entrer directement en combinaison ? D’ordinaire deux matières combustibles ne se combinent point ainsi. M. Berthelot pourtant, dans une expérience mémorable qui date de plusieurs années, a montré, qu’on peut obtenir, l’union de l’hydrogène et du carbone en faisant passer un courant d’hydrogène sur deux cônes de charbon excités par une forte pile. On fabrique ainsi l’acétylène. Tel a été le point de départ d’une série d’études brillantes dans lesquelles M. Berthelot a pu reproduire directement une partie des carbures d’hydrogène que nous fournit la nature. Ces belles expériences servent à montrer comment les pétroles peuvent se former par des actions purement chimiques, sans qu’il soit nécessaire d’admettre une première condensation des matières carbonées faite sous l’influence de la végétation.

En regard de ce travail, nous devons mentionner une importante étude de M. Dehérain sur une question de physique végétale. L’auteur résume en quelques pages les recherches qu’il a poursuivies pendant plusieurs années sur la nutrition des végétaux, et qui ont fait l’objet d’un mémoire récemment couronné par l’Académie des sciences. Ce qui touche aux phénomènes de la vie a toujours excité au plus haut point la curiosité des savans et du public ; mais il semble que plus que jamais les problèmes de cette nature soient à l’ordre du jour. La physiologie poursuit son œuvre, expliquant par des lois naturelles un nombre de faits de plus en plus considérable, et gagnant incessamment du terrain sur le domaine réservé aux causes occultes. Les plantes ont besoin de principes minéraux pour se développer, et elles semblent exercer une sorte d’action élective sur les matières fixes quelles rencontrent dans le sol. Placez dans un même terrain du trèfle et du froment, le premier prendra de la chaux et de la potasse, le second, de la silice et des phosphates. Comment les végétaux font-ils de pareils choix ?