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fluide ira aussitôt rejoindre le fluide de même nom dans le premier disque, si on touche le premier plateau, lequel prend dès lors une charge positive double sous l’influence de la charge négative double qui s’accumule dans le premier disque.

En continuant ainsi et en faisant tour à tour passer la charge du premier plateau dans le second et celle du second disque dans le premier, on établit une sorte de circulation des fluides, dont le résultat est de multiplier dans une progression rapide les charges disponibles. Si cet accroissement ne se continue pas indéfiniment, c’est qu’il arrive un moment où les charges, devenues trop fortes, ne tiennent plus sur les disques, débordent et s’écoulent dans l’air ambiant ; il s’établit alors un état d’équilibre entre les pertes et les gains, et on ne dépasse plus la charge ou tension maximum qui a été obtenue.

Au lieu de toucher le premier plateau et le second disque, on peut les mettre en contact avec le sol par un fil métallique. Il est donc facile d’imaginer une disposition mécanique par laquelle les contacts et les transports soient réalisés automatiquement ; on obtient alors dans les deux fils, dont l’un est traversé par le fluide négatif du premier plateau, l’autre par le fluide positif du second disque, de véritables courans d’électricité, et si on oppose l’un à l’autre les bouts de ces fils au lieu de les faire communiquer avec le sol, on voit jaillir un torrent d’étincelles. Tel est le principe de la machine électrique que M. Tœpler, professeur à l’institut polytechnique de Riga, fit connaître en 1865, et dans laquelle les disques et les plateaux sont représentés par des plaques de verre argenté. Goodman, de Birmingham, avait essayé de construire une machine de ce genre vingt-cinq ans auparavant, mais il s’y était mal pris et n’avait obtenu aucun résultat satisfaisant. Il faut dire d’ailleurs, et cela ne laisse pas d’être curieux, que Darwin a fait connaître à la Société royale de Londres dès 1787 un duplicateur à rotation (revolving doubler) qui était formé de quatre plateaux, et l’année suivante Nicholson le remplaça par un appareil du même genre qui n’avait que trois plateaux. On voit que la tentative de M. Tœpler n’est pas la première qui ait été faite dans cette direction, et encore semble-t-il que sa machine soit susceptible d’être grandement simplifiée. M. Tœpler emploie au moins quatre plateaux dont deux mobiles et deux immobiles : rien n’empêcherait de les réduire à deux, et on peut s’étonner que l’auteur de la machine n’ait pas réussi à réaliser ce perfectionnement.

Un autre savant, M. Holtz, de Berlin, a construit vers la même époque, c’est-à-dire dans le courant de l’année 1864, une machine électrique dont les effets sont plus difficiles à expliquer. Dans cet appareil, les plateaux mobiles sont remplacés par un simple disque de verre, c’est-à-dire par une substance isolante. Ce disque tourne librement devant un autre disque de verre qui est immobile et qui porte deux armatures ou garnitures de.papier placées en deux points symétriques. L’une de ces armatures a été