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suivant la note dite B[1] et les sept premières harmoniques de cette note. Devant chaque diapason est placée une boite de résonnante cylindrique accordée à la note, et qui peut s’ouvrir ou se fermer rapidement à l’aide d’un couvercle mobile : les sept couvercles sont mis en mouvement, comme les marteaux d’un piano, par le jeu des doigts sur un clavier. Sur ce piano à huit notes de M. Helmholtz, où des diapasons tiennent lieu de cordes, chaque fois qu’on appuie sur une touche, le résonnateur correspondant s’ouvre, et les vibrations du diapason, sourdes et étouffées jusque-là, s’enflent et font entendre une note simple. Les huit diapasons sont tenus constamment en vibration, parce que chacun d’eux est placé entre les deux pôles d’un électro-aimant qui, 120 fois par seconde, s’aimante et se désaimante[2].

Voilà donc les huit diapasons harmoniques en mouvement : la vibration en reste muette, tant qu’on laisse immobiles les touches du clavier ; mais sitôt qu’on les presse, les résonnateurs se découvrent, et les notes se font entendre. On comprend qu’on puisse ainsi les combiner de toute façon. En jouant de ce singulier instrument, on s’assure que les mélanges divers d’harmoniques engendrent des voyelles diverses. La différence des timbres est surtout sensible au moment où l’on change les doigts de place, et où l’on passe d’un son composite à un autre. Avec ses huit diapasons, M. Helmholtz a obtenu tous les sons voisins de ce que l’on pourrait nommer les voyelles graves, ou, o, eu. Le premier diapason de la série, chantant seul, donnait un ou sourd, beaucoup plus étouffé que la voix humaine ne saurait le produire ; en appuyant sur les touches suivantes, on faisait monter le son à l’o ; pour obtenir quelque chose d’analogue à l’a, il fallait rester dans les notes

  1. C’est un si bémol très grave qui correspond à 120 vibrations seulement par seconde.
  2. Lorsque le courant passe, la fourche du diapason s’écarte par l’attraction des deux pôles qui font face à ses extrémités, et, quand le courant est interrompu, Il fourche revient à sa place primitive. Chaque électro-aimant donne donc 120 secousses par seconde à chaque diapason ; le diapason de la note la plus grave, qui répond précisément à 120 vibrations par seconde, se met à vibrer avec beaucoup d’ampleur et de force ; la première harmonique qui suit, accordée pour un nombre double de vibrations, reçoit un choc nouveau après deux vibrations ; elle peut donc se mettre aussi en branle, bien qu’un peu plus faiblement, et ainsi de suite jusqu’à la dernière harmonique, qui ne reçoit une impulsion nouvelle de l’aimant qu’après avoir exécuté sept allées et venues vibratoires. Mais comment obtenir un courant qui, par seconde, s’interrompe précisément 120 fois, pas une fois de plus ni de moins ? C’est à l’aide d’un autre diapason, accordé aussi à 120 vibrations, dont les mouvemens mêmes ouvrent ou interrompent un courant, combinaison bien facile à réaliser, car il suffit qu’un petit stylo léger, attaché à l’extrémité d’une branche du diapason, sorte à chaque vibration d’une cuvette pleine de mercure, de façon à interrompre un courant dont le bain de mercure fait partie.