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principe fondamental le suffrage universel appliqué aux élections de toute sorte, elle maintient le patriarche au sommet du gouvernement et comme l’intermédiaire officiel de la communauté avec la Sublime-Porte ; mais ses pouvoirs sont subordonnés au contrôle, de l’assemblée générale, par laquelle il est élu. Le patriarche, dit l’article 16, a le droit de présenter ses observations sur les décisions de l’assemblée prises pendant qu’il est absent et non signées par lui, et d’exiger un nouvel examen de l’affaire ; mais après une seconde décision il ne peut refuser son adhésion et sa signature, pourvu toutefois que cette décision ne contienne rien de contraire aux dispositions essentielles de la constitution. Le dernier mot appartient ainsi à l’assemblée. L’article 119 veut que, si le patriarche commet une infraction contre le pacte fondamental, il soit traduit en jugement. La Sublime-Porte lui confère, comme par le passé, l’investiture, et avant de la recevoir il doit prêter sur l’Évangile, dans l’église de Notre-Dame, le serment de fidélité à la constitution.

Le pouvoir dirigeant et réel réside dans l’assemblée générale, qui compte 400 membres ; 220 y sont appelés par la voie de l’élection, les autres, au nombre de 180, en font partie de droit, comme notables. Dans la catégorie de ces derniers sont compris les évêques résidant à Constantinople, les docteurs en théologie (varlabeds)[1] les curés de paroisse, les Arméniens fonctionnaires de la Sublime-Porte, les médecins diplômés et les hommes de lettres. Le droit électoral appartient à tout individu qui a atteint sa vingt-cinquième année, sauf certaines incapacités légales ; pour être éligible, il faut avoir trente ans.

L’assemblée générale délègue à deux conseils particuliers dits nationaux, l’un religieux et l’autre civil, le règlement des affaires ordinaires ; de ces deux conseils, dont le titre indique clairement les attributions respectives, le premier se compose de 14 ecclésiastiques, le second de 20 membres, qui sont tous laïques. Leur compétence est minutieusement tracée dans le texte de la constitution. Sans vouloir abuser ici des citations, nous n’aurons garde cependant d’en omettre, une qui nous paraît caractéristique et mériterait

  1. Les vartabeds constituent ce que l’on pourrait appeler, comme en Russie, le clergé noir, c’est-à-dire le clergé régulier. C’est la partie instruite de la corporation sacerdotale. Ils sont chargés du ministère de la prédication, et c’est parmi eux que se recrute l’épiscopat. Ils sont astreints au célibat, et à tous les devoirs de l’état monastique, à la différence du clergé blanc ou séculier, qui vit dans le monde et est obligé canoniquement de se marier avant de recevoir les ordres sacrés. Le cercle des études du clergé blanc se borne à ce qu’il est nécessaire de savoir pour l’accomplissement des cérémonies du culte et l’administration des sacremens, seules fonctions dont il est chargé.