Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 70.djvu/273

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On se flatte aujourd’hui qu’on arrivera à prédire le temps ? mais l’insuccès des essais prématurés qui ont été tentés montre bien qu’il faudra d’abord réformer le système d’observation avant qu’on puisse songer à en tirer de si grands résultats.

L’idée de faire enregistrer les phénomènes naturels par des appareils automatiques préoccupe depuis longtemps un grand nombre de chercheurs, et beaucoup de moyens ont été non-seulement proposés, mais aussi appliqués, avec plus ou moins de bonheur. La photographie se prête avec une merveilleuse facilité à la réalisation d’appareils enregistreurs. À l’observatoire central de Kew, on obtient par ce moyen l’image fidèle des variations magnétiques. L’état du baromètre ou du thermomètre peut s’enregistrer de la même manière : une feuille de papier photographique défile lentement derrière l’instrument, qui est éclairé par la lumière d’une lampe ou d’un bec de gaz, et la hauteur variable de la colonne de mercure se peint exactement sur le papier à mesure qu’il se déroule ; l’appareil fait donc en quelque sorte le portrait du temps. Le baromètre et le thermomètre ainsi transformés s’appellent barographe et thermographe. On pourrait de la même façon enregistrer la quantité d’eau recueillie à la suite d’une pluie par le réservoir d’un ombromètre, ou l’abaissement du niveau dans un atmomètre, qui sert à observer l’évaporation. Des dispositions mécaniques faciles à imaginer permettraient d’appliquer ce système à la représentation graphique de la plupart des autres phénomènes : vent, humidité, radiation solaire, etc. Il est déjà en usage dans quelques observatoires anglais ainsi qu’à Lisbonne, où les indications des différens instrumens sont obtenues en regard sur la même feuille, et l’on peut s’étonner qu’il ne se soit pas généralisé davantage.

Bien avant l’invention de la photographie, on connaissait une foule de moyens propres à obtenir des instrumens météorologiques à indications continues, et il n’est en réalité rien de plus simple en principe, tant qu’on fait abstraction des difficultés pratiques qui séparent toujours un projet d’expérience de sa mise en œuvre. Ainsi, pour obtenir un thermographe, on n’aurait, ce semble, qu’à prendre un thermomètre de gros calibre, ouvert par le haut, et à poser sur le mercure un flotteur muni d’une tige verticale et d’un crayon qui, tout en suivant les fluctuations du mercure, laisserait une trace noire sur une feuille de carton qu’une horloge entraînerait dans une direction horizontale. Une disposition analogue s’appliquerait au baromètre ordinaire ; mais dans l’exécution on se heurte à des difficultés inattendues. Il vaut mieux alors recourir au thermomètre métallique et au baromètre à balance. Pour écrire la direction du vent, on attache un crayon à une girouette ; pour en mesurer la force ou la vitesse, on fait agir sur le crayon un ressort que le vent comprime, ou un moulinet qu’il fait tourner. On arrive au même