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véritablement voir à l’œuvre les forces naturelles et surprendre leurs plus secrètes combinaisons en les obligeant à tenir elles-mêmes leur journal. Sur la tablette du météorographe, un compte spécial est ouvert à la chaleur, un autre à l’humidité, un autre à chacun des quatre vents principaux ; ils viennent dicter leur doit et avoir chacun à son teneur de livres, qui s’empresse de tout marquer sur les registres. Au bout de quelques jours, on ouvre le météorographe, on enlève la tablette qui a été remplie et on la remplace par une tablette neuve sur laquelle seront consignées les circonstances atmosphériques des jours suivans. On forme ainsi sans peine et sans fatigue les archives du temps, et si on suivait le même procédé dans un grand nombre d’observatoires distribués sur la surface du globe, nous aurions bientôt l’histoire pittoresque de l’atmosphère en de gros volumes que l’on pourrait déposer dans quelque établissement central.

Le météorographe du Collège romain a déjà révélé plusieurs faits curieux parmi lesquels nous nous contenterons de citer le suivant. Pendant les pluies et les orages, le baromètre subit fréquemment des oscillations de très courte durée ; il tombe tout à coup de 5 ou 6 millimètres, puis remonte au bout de quelques minutes. On pourrait croire que ces dépressions momentanées ne sont qu’une illusion produite par une fluctuation accidentelle du baromètre à balance, mais le barographe d’Oxford, qui enregistre la pression atmosphérique par le moyen de la photographie, les montre aussi, il est donc hors de doute qu’elles ont une existence réelle.

Il y a sept ans que le père Secchi a établi son appareil enregistreur à l’observatoire du collège des jésuites à Rome. Depuis ce temps, il en a modifié la construction en y introduisant divers perfectionnemens dont l’expérience avait démontré l’opportunité. Il nous semble cependant qu’il reste encore beaucoup à faire. Ce qu’il faudrait trouver aujourd’hui, ce serait un système de météorographie assez simple pour qu’il pût être adopté par tous les observatoires. Ce serait peut-être en même temps le meilleur moyen d’introduire enfin dans la météorologie, — par la grande porte, — l’uniformité tant souhaitée des poids et mesures. Avec les nouveaux instrumens, le système métrique ferait son entrée en Allemagne, en Russie, en Angleterre, et les observations, plus complètes désormais et plus étendues, deviendraient en même temps plus comparables : ce serait une immense économie de travail.


R. RADAU.


L. BULOZ.