Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 70.djvu/534

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Je soutiens, dit-il, que, si un écrivain a le droit de citer des documens, j’ai celui de signaler leur origine et leur valeur. » Cela est parfaitement juste ; ce droit appartient incontestablement à son altesse impériale. Je regrette qu’elle n’en ait pas usé plus tôt ; et je vous demanderai la permission, monsieur le directeur, de faire remarquer que ces mémoires ont été publiés en 1858, il y a neuf ans, par M. le général de Fleischmann, gendre de l’auteur. Il me semble que c’est au général de Fleischmann lui-même que les réclamations du prince auraient dû être directement adressées. Pour ce qui me concerne, d’après les propres paroles de son altesse, je ne serais à blâmer que si je m’étais légèrement servi de ces mémoires sans me renseigner sur leur valeur et sur leur origine. Telle n’est pas mon habitude. M. de Fleischmann dit positivement dans la préface mise en tête des mémoires de son beau-père qu’il les publié intégralement, « en retranchant seulement ce qui ne pouvait avoir d’intérêt que pour la famille du comte Miot de Mélito, et qu’il s’est bien gardé d’y rien ajouter qui pût altérer la nature des impressions que les événemens ont produites sur l’esprit de l’auteur, » C’est bien là la tâche d’un éditeur consciencieux.

Pour garantie de la façon dont cette tâche a été accomplie, nous avons donc les propres affirmations du général de Fleischmann ; quelle valeur ont-elles ? les hommes que j’ai consultée, les hommes les plus haut placés dans l’opinion publique, connaissant personnellement le général de Fleischmann, m’ont assuré que ses paroles avaient une valeur extrême, et que c’était un officier plein de droiture, aussi éclairé qu’indépendant, et vivant aujourd’hui dans ses terres près de Stuttgard, où il lira sans doute avec surprise les assertions de son altesse impériale. M. de Fleischmann est un Wurtembergeois, dit le prince ; cela est vrai ; mais je ne vois pas pourquoi, aux yeux du fils d’une princesse de Wurtemberg et d’un ancien roi de Westphalie, la parole d’un Wurtembergeois ne vaudrait pas celle d’un autre, jusqu’à preuve contraire, bien entendu cette preuve, le prince ne la donne pas. M. de Fleischmann a combattu contre nous, dit encore son altesse. Je ne sais. Les Wurtembergeois de sa génération se sont presque tous battus en effet avec et contre nous. Cela non plus n’est pas en soi une démonstration de la fausseté des mémoires du comté Miot de Mélito. Dans la préface que je citais tout à l’heure, le général de Fleischmann nous apprend que le comte Miot de Mélito, son beau-père, avait l’habitude d’écrire tous les soirs ce qu’il avait appris ou observé dans la jornée. Les extraits de conversation que j’ai cités paraissent avoir été en effet consignés par écrit par quelqu’un qui en avait l’esprit encore tout fraîchement rempli ; et qui reproduit textuellement les expressions mêmes qui l’ont le plus frappé. Faut-il mettre en suspicion le comte Miot de Mélito lui-même ? C’était un membre de l’Institut estimé de ses collègues, il a été conseiller