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HOMMES D'ETAT
DE LA HONGRIE

LE COMTE STEPHAN SZECHNEYI


PREMIÈRE PARTIE.

Au moment où l’autonomie de la nation hongroise, naguère encore l’épouvantail des Habsbourg, semble devenir une ancre de salut pour la nouvelle Autriche, au moment où la politique des Magyars, maintenue obstinément à travers tant de péripéties sanglantes, remporte ce pacifique triomphe, un sentiment naturel évêque le souvenir des hommes qui ont succombé dans la lutte et préparé la victoire. Que de victimes a coûtées cette noble cause, les unes immolées par le bourreau, les autres frappées sur le champ de bataille, celles-ci enfin, les plus malheureuses de toutes, que le désespoir a poussées au suicide ! Batthiany, Petoefi, Téléki, voilà des noms qui rappellent les plus tragiques épisodes de la révolution magyare. On pourrait en citer beaucoup d’autres ; elle est longue, hélas ! cette funèbre liste. S’il fallait pourtant faire un choix dans le martyrologe de la Hongrie du XIXe siècle, le sentiment public n’hésiterait pas. L’homme qui a le plus travaillé, le plus combattu, le plus souffert pour les idées auxquelles la maison de Habsbourg est obligée de se rallier aujourd’hui, incontestablement c’est celui que les Hongrois appellent le grand Magyar, le comte Stépban Széchenyi.