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D’autres essences, — que possède ce territoire ; 181,000 hectares ont été concédés pour quatre-vingt-dix ans à des particuliers ou à des compagnies qui les exploitent et en tirent annuellement 1,200,000 kilogrammes de liège en planches. On a bien fait de donner des concessions d’une telle durée, parce que les frais de premier établissement étant considérables, il est juste que les concessionnaires aient le temps de rentrer dans leurs avances ; mais rien ne saurait justifier le projet qu’on attribue au gouvernement de vendre ces forêts, dont le revenu ne peut que s’accroître.

En fait de bois de construction, l’Algérie possède le cèdre et le chêne zéen, que sa densité et sa vigueur feront rechercher dans les chantiers de la marine. Parmi les arbres d’ébénisterie, il faut mentionner le thuya, dont le bois, d’un grain fin, serré, bien nuancé, est d’une grande beauté, le pistachier, l’olivier, qui servent à faire de grands meubles. Le genévrier de Phénicie, employé dans l’industrie des coffrets, le jujubier, le citronnier, etc. Les résines, qui dans le département des Landes sont produites par le gemmage du pin maritime, sont en Algérie extraites du pin d’Alep, aussi riche que son congénère, et qui couvre dans la zone sud du Tell une étendue de 200,000 hectares. Les concessions faites pour l’exploitation des résines s’étendent sur 15,560 hectares. Les écorces des diverses espèces de chêne renferment du tannin, et pourraient être exploitées avec avantage ; mais jusqu’ici on n’en a pas encore tiré parti.

L’Algérie, doit à sa situation géographique et à l’étendue de ses côtes de très grandes facilités d’exportation. Aujourd’hui les lièges et les bois de chêne zéen, réunis sur le littoral, s’écoulent aisément. Il en est de même des loupes de thuya et des résines, qui, grâce à une valeur intrinsèque plus élevée, peuvent supporter les frais d’un plus long transport. Les bois de cèdre, de genévrier, de pin, etc., plus éloignés des ports, ne sont pas encore devenus des articles d’exportation ; mais, on peut espérer que le développement des routes, et des canaux leur ouvrira de nouveaux débouchés. Il y a dans les forêts d’Algérie d’immenses richesses qui peuvent être pour le pays une source de prospérité ; afin d’en tirer parti, il serait indispensable d’adopter pour l’Algérie un régime définitif, de donner à la propriété des bases stables, au lieu de l’inquiéter sans cesse par des règlemens arbitraires et de jeter ainsi le trouble dans les conditions économiques du pays ; il faudrait aussi conserver à l’état les massifs de forêts dont l’exploitation est profitable et les mettre à l’abri des dévastations du pâturage et des incendies.

Nous ne parlerons pas des collections envoyées par les autres colonies françaises parce que jusqu’ici, sauf dans la Guyane, l’exploitation du bois y est sans importance. L’ensemble des exportations ne