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ni la valeur de la matière première, ni l’habileté des artistes. Aussi peut-on rester en défiance et penser que, nonobstant certaines qualités de goût et d’imagination, l’amour du bizarre, l’ignorance de la nature, marquent la plupart des productions du sculpteur aussi bien que celles des autres artistes chinois. Quant aux bronzes justement admirés, on en trouve quelques échantillons, principalement sous forme de vases. Le Chinois emploie aussi à d’autres fabrications les métaux tirés des mines du pays, très riches, quoique mal exploitées. Il fait des cloches, des canons, de la serrurerie, des garnitures de meubles, mille ustensiles absens de l’exposition, de l’horlogerie même, enfin de grands objets d’art : tels les lions de bronze qui ornent l’ancien palais d’été de Yuen-ming ; telle une petite pagode d’un goût exquis formée de pièces rapportées, qui s’élève dans les jardins du même palais.

Les laques ont été de tout temps la spécialité du Chinois. Dans la fabrication de la laque rouge et de la laque noire, il ne connaît pas de rivaux. L’exposition en fournit de nombreux modèles qui diffèrent peu toutefois de ce que l’on est déjà accoutumé à voir en Europe.

La fabrication du verre a dû être importée par les missionnaires. Elle est d’origine très récente et ne s’est point développée. À peine se coule-t-il à Canton quelques plaques d’un verre très léger, dont l’emploi principal est de remplacer le papier peint sur les lanternes chinoises, un des ornemens les plus habituels de l’intérieur des habitations, et dont l’exposition nous offre plusieurs modèles d’un fort gracieux effet, avec leurs pans carrés de bois dentelé et découpé à jour, avec les longues touffes de soie de couleur qui pendent de tous côtés. On fait encore quelques petits objets en verre filé, surtout les globules de couleur vissés au chapeau conique des mandarins pour indiquer le grade hiérarchique, car la plume de paon n’est qu’une sorte de décoration accordée par le souverain en dehors des divisions) du mandarinat. Dans les habitations, les fenêtres sont généralement sans vitres ; le mica ou une sorte de papier transparent en tient lieu. Il nous resterait encore, avant de quitter l’exposition chinoise, à parler d’autres produits, du thé, des étoffes d’habillement, des soieries qui, au point de vue du commerce européen, ont seuls aujourd’hui une importance considérable. Cependant, comme nous retrouverons ces mêmes produits dans l’exposition japonaise, il faut, avant d’entrer dans les développemens que le sujet comporte, parler d’abord du Japon et mettre sous les yeux de nos lecteurs, en ce qui concerne l’état intérieur de ce pays, des renseignemens analogues à ceux que nous avons donnes sur la Chine.