Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 70.djvu/790

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Prusse, rien de plus naturel. Ce concours de grandes puissances à propos d’un litige si chétif assure d’ailleurs un arrangement amiable. La diplomatie prussienne ne pourrait sans ridicule, en présence de ces grandes puissances, prendre envers le Danemark une attitude fâchée. Si au contraire elle se montrait coulante, le succès moral de sa débonnaireté surpasserait de beaucoup les minces avantages matériels qu’elle débat avec son petit et honnête voisin. On saurait partout grand gré à la politique prussienne si elle prenait des allures conciliantes. Dans la phase où elles vont entrer, l’Allemagne et la Prusse seront étudiées et observées par leurs voisins avec une curiosité attentive ; Si la Prusse consent à laisser librement voter sur le choix de leur nationalité les habitans de la partie septentrionale du Slesvig, le résultat du scrutin populaire ne parait point devoir être douteux. Le vote qui a eu lieu le 12 février de cette année pour les élections du parlement fédéral allemand a montré la classification naturelle des nationalités dans le nord du Slesvig. Les candidats danois y ont obtenu une majorité variant de quatre-vingt à quatre-vingt-dix voix. Le recouvrement de la moitié du Slesvig relèverait le moral politique des Danois, et serait une récompense de leur fermeté patriotique. On ne voit pas, si la négociation relative au Slesvig marche bien, pourquoi lord Stanley, répondant à une interpellation dans la chambre des communes, a semblé ajourner à un terme éloigné la communication des pièces de cette transaction.

Il s’est opéré dans ces derniers temps en Italie un revirement politique dont il n’est point encore aisé de prévoir les conséquences. Au moment où il est obligé de prendre des précautions militaires importantes pour empêcher les volontaires du parti d’action de pénétrer dans l’état pontifical, le président du cabinet, M. Rattazzi, a fait dans la chambre des députés la conquête de la gauche. S’il y a quelque double jeu dans la contradiction de cette politique où M. Rattazzi et la gauche se séparent quand il est question de Rome et s’unissent quand il s’agit de former une majorité parlementaire, l’avenir nous l’apprendra. Le voyage du général Dumont à Rome, l’attention qu’il paraît avoir portée à l’état de la légion pontificale recrutée de volontaires français, ont excité une certaine émotion en Italie, et les organes de l’opinion modérée se sont montrés presque aussi piqués que les partis avances de l’apparence d’une nouvelle immixtion dans les conditions militaires de l’état romain. Quoi qu’il en soit, tandis que Garibaldi fait mine de rentrer en croisade, M. Rattazzi déclare que l’Italie ne doit obtenir Rome que par les moyens moraux, et M. Crispi parle et vote dans la question financière pour M. Rattazzi. Avec le temps, cette question, la plus urgente et la plus importante pour l’Italie, s’est quelque peu dégagée des combinaisons chimériques que les deux derniers ministres des finances y avaient mêlées. Il n’est plus question d’enter un expédient financier sur la question de l’abolition