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L'EXPOSITION
DU CHAMP DE MARS

II.
LES INDUSTRIES DU VETEMENT ET DE L'AMEUBLEMENT
— LES INDUSTRIES DE LUXE.

Se loger, se nourrir, se vêtir, voilà les trois grands besoins que la nature impose à l’homme et d’où sont nés les arts qui y pourvoient. C’est le strict nécessaire, c’est la condition de l’existence, et c’est en même temps le premier aiguillon de toute activité. Supposez l’homme pourvu de tout, sans effort à faire, sans obstacle à vaincre, à quoi eût abouti son passage sur cette terre ? A un état purement contemplatif ou à une agitation sans objet, suppositions dérisoires. Le travail seul explique et remplit la destinée humaine, et l’industrie est une des formes de ce travail, celle qui s’applique aux besoins du corps. A l’origine des civilisations, rien n’y est compliqué. L’arc du sauvage, le premier silex qui sert d’instrument tranchant, sont des objets d’industrie comme les machines dont nous tirons le plus de services. Quand l’homme, pour se garantir des rigueurs du froid, imagina de convertir en vêtemens la dépouille des troupeaux, il créa une grande industrie ; quand, pour abriter sa tête, il pétrit la chaux et l’argile, lia la pierre, équarrit le bois, ce fut encore une grande industrie qu’il créa. Ainsi des autres, et ces industries, suggérées par l’instinct, se fixaient peu à peu dans