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et les revendre dans les villes voisines. Cette facilité de se défaire du poisson à mesure qu’il est pris épargne au pêcheur toute perte de temps, et lui permet de profiter des momens très courts pendant lesquels la pêche est fructueuse. La préparation des harengs est très simple ; après leur avoir enlevé les ouïes et les intestins, on les place par couches dans des barils en les recouvrant de sel. Quand le baril est rempli, on y ajoute de la saumure pour combler les vides, et on le ferme immédiatement. Il reste dans cet état jusqu’au moment de l’exportation. Sur certaines côtes, les habitans se livrent à la poursuite du hareng. d’été, qui paraît être une espèce particulière ; mais, les migrations en étant plus incertaines et se produisant au moment de la récolte, cette pêche est relativement peu abondante. Indépendamment de la morue et du hareng, les côtes de la Norvège sont fréquentées par beaucoup d’autres poissons, notamment par le maquereau et surtout par le homard, qu’on rencontre en abondance le long des rivages et qui donne lieu à un commerce d’exportation de 7 ou 800,000 francs par an. Les cours d’eau ainsi que les lacs de l’intérieur ont été peuplés de truites et de saumons que des touristes anglais viennent pêcher pendant la saison. Plusieurs de ces cours d’eau sont loués très cher aux amateurs de ce genre de sport.

L’exposition renfermait non-seulement des échantillons de tous les produits de la pêche sous leur forme commerciale, mais encore les divers engins dont les Norvégiens font usage. On y voyait, rangés avec art, des cordages en écorce de tilleul, des filets en chanvre et en coton tannés, des nasses, des tambours pour le homard, des habillemens de pêcheur tout en cuir et dont le prix ne s’élève pas à plus de 58 francs, enfin les bateaux employés pour la pêche de la morue et du hareng. Ces bateaux sont ordinairement équipés à frais communs, car, ainsi que nous l’avons dit, l’association en matière de pêche, qui n’a pu encore s’introduire chez nous, est un fait ordinaire en Norvège. Ce n’est pas seulement sous ce rapport que ce pays pourrait servir de modèle à nos marins ; la préparation du poisson y est incomparablement supérieure à la nôtre, et pour la conservation on s’y sert de procédés inconnus chez nous. Telle est l’habitude de tuer immédiatement le poisson péché au lieu de le laisser mourir, et d’en enlever les intestins, qui sont une cause de décomposition ; tel est encore l’usage de la glace. Recueillie dans des glacières en sapin établies le long des côtes et dans lesquelles chacun vient s’approvisionner, celle-ci est étendue par couches dans les caisses où est emballé le poisson, qui peut être ainsi transporté à d’assez grandes distances.

L’exposition de la Suède ressemblait à celle de la Norvège, avec