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les murs du jardin, près de la grande porte, derrière la cour dite de la Paneterie. Un colonel Siry, à la tête d’un autre détachement de vingt-cinq hommes, montait par la fenêtre d’une chambre inoccupée du deuxième étage des bâtimens attenant au Quirinal. De son côté, le général Radet s’était réservé de pénétrer par l’extrémité de la toiture de la Daterie dans l’intérieur des appartemens du Quirinal. Ce fut par malheur cette dernière expédition qui réussit le moins bien. Deux échelles s’étant rompues, le général Radel fut obligé d’opérer sa retraite et d’attendre que le colonel Siry, qui était parvenu avec son monde dans la cour intérieure du palais, lui en procurât l’entrée en faisant ouvrir en dedans la petite porte pratiquée dans l’un des battans de la grande porte cochère du Quirinal, porte massive contre laquelle Radet s’escrimait en vain du dehors depuis déjà quelques minutes. Ainsi introduit par son lieutenant, le général Radet entra enfin dans le palais du saint-père, et tout aussitôt fit désarmer la garde suisse, forte d’environ quarante hommes, mais qui, suivant l’ordre qu’elle avait reçu de longue date, ne lui opposa aucune résistance. N’ayant point la connaissance des lieux, mais dirigé par un misérable, qui avait été récemment chassé du Quirinal pour un vol commis au préjudice du chapelain du saint-père, et qu’il avait pris à sa solde, le général Radet s’achemina vers les appartemens de sa sainteté.

Cependant les trois assauts donnés au palais, les efforts tentés du dehors pour en briser les portes, les mouvemens et les cris de ceux qui s’étaient introduits dans les cours intérieures, ne pouvaient manquer d’éveiller promptement les habitans du Quirinal. La plupart ne s’étaient couchés que fort tard dans la nuit ou plutôt à l’aube du jour, lorsque, rassurés par l’apparente tranquillité qui régnait autour de la demeure pontificale, ils avaient cru le danger passé, du moins pour cette nuit, de façon que l’événement qu’ils redoutaient depuis si longtemps et contre lequel ils s’étaient promis d’être toujours en garde les surprit au contraire dans leur premier sommeil. Le cardinal Pacca ne faisait que de se mettre au lit quand son valet de chambre vint l’avertir que les Français étaient dans le palais. Sur-le-champ et pendant qu’il mettait lui-même ses vêtemens, il envoya son neveu, Tibère Pacca, réveiller Pie VII, ainsi qu’il avait été convenu entre eux pour le cas de quelque événement extraordinaire[1], car c’était l’une des principales préoccupations de Pie VII de se trouver prêt et sur pied quand on envahirait sa demeure, et il n’avait rien tant recommandé à ses serviteurs que d’avoir soin de l’avertir à la moindre alarme[2]. Le secrétaire d’é-

  1. Œuvres complètes du cardinal Pacca, t. Ier, p. 117.
  2. Relazione dell’ assallo dato li 6 jiuglio 1809 alpalazzo Quirinale et del rapimento del sovrano pontifice papa Pio VII. — Manuscrit italien, British Museum, n° 8,387.