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Nulle science ne jouit en Angleterre d’une plus grande faveur que la géologie. Non-seulement les ingénieurs et les hommes qui sont chargés de la professer, mais encore une foule d’amateurs volontaires dispersés sur toute la surface des trois royaumes se livrent avec ardeur à cette étude. Les membres du clergé, les ''reverends, y sont en majorité ; pasteurs ou vicaires, ils consacrent les momens que leur laissent les devoirs de leur ministère à explorer la contrée qui les avoisine. La visite d’un pauvre ou d’un malade éloigné devient l’occasion d’une excursion géologique. Cette armée de volontaires pacifiques a conquis le sol de l’Angleterre, fouillé aujourd’hui jusque dans ses derniers recoins. Les matériaux sont prêts, recueillis par des mains intelligentes. En possession de ces richesses, les esprits synthétiques, mûris par la lecture et la méditation, éclairés par les voyages, rattachent incessamment la géologie des îles britanniques à celle du continent. Grâce à eux, nous savons que le bassin de Londres est l’analogue du bassin de Paris. La comparaison des falaises de Boulogne et de Folkestone prouve que jadis l’Angleterre était un prolongement de la France, dont elle est maintenant séparée par un canal étroit et sans profondeur. Nous savons encore que cet événement est relativement assez récent, peut-être même contemporain de la présence de l’homme sur la terre. En Angleterre, la théologie accepte d’assez bonne grâce les conséquences souvent peu orthodoxes des faits géologiques. Elle l’a prouvé à la réunion de Dundee en mettant à la disposition de la section la chapelle de Panmure street ; il est du reste dans l’esprit du protestantisme de n’attacher aucune idée superstitieuse aux murs des édifices où les fidèles se réunissent. Une estrade s’élevait au fond de la chapelle ; le président et les membres du bureau y prirent place avec l’orateur, et une grande toile verte permit de fixer avec des épingles de grands dessins ou des aquarelles traitées largement à la manière des décors de théâtre. Ces représentations sont destinées à frapper les yeux des assistans pendant que la parole de l’orateur s’adresse à leur intelligence. Les Anglais excellent en ce genre. Veulent-ils décrire géologiquement une contrée, souvent une première aquarelle en montre l’aspect pittoresque, c’est un grand paysage ; sur un second dessin, le paysage est colorié géologiquement, les terrains sont distingués par des teintes différentes ; un troisième montre la coupe, c’est-à-dire la structure intérieure du sol. Les ossemens ou les coquilles fossiles, qui sont les médailles de l’histoire géologique de notre globe, sont représentés sur d’autres dessins à une échelle assez grande pour qu’on puisse en discerner les détails de tous les points de la salle. Cette méthode facilite singulièrement la compréhension du sujet. On