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complet des chutes de pierres météoriques et des principales apparitions d’étoiles filantes lui permit de montrer la relation qui existe entre ces deux phénomènes. Suivant l’orateur, la première pierre météorique dont la chute ait été constatée tomba le 7 novembre 1492 près d’Ensisheim, en Alsace. Longtemps elle demeura suspendue dans l’église de la ville pour passer de là dans les galeries du muséum de Paris. Depuis, un grand nombre de pierres tombées du ciel furent signalées à l’attention publique ; mais le fait paraissait si extraordinaire que les savans hésitaient encore. Sur ces entrefaites, une chute abondante de pierres a lieu à l’Aigle, en Normandie, le 26 avril 1803. Plus de 2,000 pierres couvrent une surface de 15 kilomètres de long sur 10 de large. Biot, jeune alors, est envoyé sur les lieux par l’Académie des Sciences ; il se livre à une enquête longue, minutieuse, contradictoire, comme celle d’un juge d’instruction interrogeant des témoins ignorans ou suspects, et revient à Paris armé de toutes les preuves et prêt à répondre à toutes les objections[1]. Le doute n’était plus possible, et la conviction de l’Académie entraîna celle du public. Une étoile filante est une pierre météorique, et, quand elle éclate, elle donne lieu à une projection de fragmens qui tombent à la surface de la terre, lorsque le bolide en est suffisamment rapproché. Tel était le thème que M. Alexandre Herschel a parfaitement développé, et, si toutes ses expériences n’avaient pas toujours un rapport bien précis avec l’objet de sa leçon, elles étaient toutes brillantes, bien réussies et propres à éveiller l’attention d’un auditoire sympathique au jeune physicien qui paraissait pour la première fois devant lui.

Ces deux conférences étaient pour les gens du monde ; la troisième fut consacrée aux ouvriers de la ville de Dundee. C’est un physicien déjà célèbre, M. John Tyndall, qui tentait, dans une seule leçon, de leur donner une idée du but des sciences physiques, et d’éveiller en eux le désir de connaître les causes de phénomènes dont ils sont témoins tous les jours sans les comprendre. Matière et mouvement, tel était le titre de la leçon de M. Tyndall ; 2,000 ouvriers occupaient les bancs de la salle. Le duc de Buccleugh présidait, et un certain nombre de membres de l’association entouraient le professeur. Celui-ci se proposait d’exposer comment tous les phénomènes du monde physique, attraction, chaleur, électricité, magnétisme, ne sont que des modes particuliers de mouvement qui peuvent se transformer les uns dans les autres[2]. L’au-

  1. J.-B. Biot, Mélanges littéraires et scientifiques, t. Ier, p. 15.
  2. Voyez, dans la Revue du 1er novembre, du 15 novembre et 15 décembre 1866, les travaux de M. Edgar Saveney sur la Physique moderne et les idées nouvelles sur l’imité des phénomènes naturels.