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LA
SENSIBILITE DES VEGETAUX

La vie, qu’on pourrait définir d’une manière très générale l’expression de l’activité des êtres organiques, n’est pas absolue dans ses manifestations. Elle varie ses formules, les gradue et se proportionne au rang qu’occupent respectivement les êtres divers. Énergique, violente parfois dans les régions supérieures de la création, elle s’atténue dans les bas-fonds, se voile, ou plutôt ne se révèle à nous que dans la mesure de son infériorité. Il ne faut donc pas s’attendre à la voir produire des manifestations également perceptibles dans l’animal perfectionné et dans la plante élémentaire. Ici pâle étincelle, là foyer brûlant, pourquoi chercher à les assimiler ? Comparons-les tout au plus ; contentons-nous d’analogies, et tenons-nous pour satisfaits de ne trouver que de simples différences de degré entre deux règnes dont on a si longtemps et à tort exagéré tous les contrastes. Si la vie n’est point partout identique à elle-même, au moins est-elle toujours une dans son principe fondamental. Les deux règnes supérieurs, le règne végétal et le règne animal, peuvent être confondus sous la dénomination de règne organique. Soumises aux mêmes lois, partant d’une origine commune et aboutissant à un même degré de développement proportionnel, les créatures de l’un et l’autre embranchement naissent, grandissent, s’agitent et meurent en parcourant un cycle d’évolutions semblables.

Dès la fin du XVIIIe siècle, divers physiologistes crurent pouvoir affirmer que la matière verte de Priestley, appelée aussi protococcus et généralement classée parmi les algues les plus élémentaires, se compose d’une réunion d’infusoires, de même qu’elle se résout en infusoires. Quelques années plus tard, cette assertion,