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sidérations précèdent un long exposé des applications faites sous trois règnes du droit revendiqué par le parlement en sa qualité de gardien du pacte de 1532, et les remontrances sont terminées par la protestation solennelle de demeurer fidèles à leur devoir, si périlleux qu’en puisse devenir l’accomplissement.

A la fin de l’année 1718, le maréchal avait donc à faire face au parlement et à la noblesse en même temps qu’il fallait rétablir par la force la perception des impôts, suspendue dans diverses localités de la Cornouailles et du pays nantais. Parmi de si nombreux mécontens, il ne pouvait manquer de s’en rencontrer pour dépasser bientôt la limite qui séparait la résistance de l’insurrection. Cela était d’autant plus inévitable que, d’après le mémoire de La Mabaunaye, écrit au commencement de 1719, la province était déjà depuis plusieurs mois parcourue par des agens de l’Espagne. Ceux-ci répandaient de nombreuses proclamations de Philippe V adressées à la nation française et aux divers parlemens du royaume; ils contestaient la légitimité de la régence établie au mépris du testament de Louis XIV, en évoquant le souvenir toujours populaire des états-généraux, seuls juges légitimes du débat engagé entre le neveu et le petit-fils du feu roi. Dès la fin de 1718, les hommes les plus résolus avaient dépêché un émissaire au cardinal Alberoni afin de réclamer pour les Bretons des secours que ce ministre n’était que trop disposé à donner. Les organisateurs du complot étaient surtout les parlementaires exilés, et au premier rang figuraient MM. de Noyant et de Lambilly. L’un était l’intermédiaire principal des mécontens avec les ennemis de la régence à Paris, l’autre devint l’âme de la conjuration qui commençait à se nouer au cœur de la province. Un ancien officier d’infanterie du nom d’Hervieux de Mellac, voisin de campagne et ami de M. de Lambilly, partit pour l’Espagne, où il ne fit d’abord qu’une très courte apparition. Alberoni promit sans hésiter d’assister l’insurrection, dès qu’elle aurait pris de l’importance, par le secours d’une flotte et d’une armée. En à-compte des subsides qu’il s’engageait à fournir, il chargea M. de Mellac d’une première somme de trente mille piastres; mais, malgré son esprit aventureux, ce ministre ne crut pas pouvoir aller au-delà d’une promesse tant que les dispositions dont on l’assurait