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PLATON

Plato and the other companions of Sokrates, by G. Grote; Londres 1867.

Il n’y a pas longtemps encore que Platon n’était qu’un des plus grands écrivains de l’antiquité, le plus grand peut-être. Son talent faisait tort à sa philosophie. On doutait que le fond pût être égal à cette forme accomplie, et l’on ne cherchait guère à s’assurer de ce qu’il pouvait valoir. On admirait Platon sans y réfléchir. Le XVIIe siècle, qui l’aimait, n’en citait que de beaux traits de morale, quelques idées ingénieuses et deux ou trois fictions qui lui semblaient de la poésie. Dans l’âge suivant, on cessa de le lire comme de l’aimer, et, en lui accordant sur parole de l’imagination et du style, on conclut aisément qu’il n’avait pas autre chose, et que la sagesse moderne ne pouvait rien apprendre de lui. Il en était là au commencement de ce siècle. Dans nos lycées, on en parlait plus aux élèves de rhétorique qu’aux étudians de philosophie. Je me souviens que mon cher et savant maître, M. Leclerc, en me faisant expliquer l’Ion et le Lysis, n’y cherchait que des modèles littéraires et négligeait en souriant tout le reste. À cette époque, il semblait aspirer surtout au renom d’helléniste, et, tout en essayant les voies diverses où devaient le conduire la sagacité de son esprit et sa rare érudition, il avait fait de Platon l’objet d’une étude spéciale. Il en résulta un livre[1], une sorte de chrestomathie platonienne qui renfermait, avec des documens biographiques et des notes instructives, une traduction de morceaux choisis selon son goût et son ad-

  1. Pensées de Platon, in-8o ; Paris 1819.