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L'ANGLETERRE
ET
LA VIE ANGLAISE

XXXVI.
LA VIE POLITIQUE.
III. - LE BARREAU, LES COURS DE JUSTICE ET LA PROCEDURE CRIMINELLE.



Un peuple éminemment pratique a dû sans doute se préoccuper de la loi, et l’on a vu avec quelle imperturbable volonté il la fait lui-même par l’organe du parlement[1] ; mais il lui importait aussi de garantir à tout prix l’exercice de la. justice contre les envahissemens de la couronne. Ayant compris que le droit était un vain mot sans les institutions qui le représentent, les Anglais ont bien moins cherché à définir les conditions de la liberté qu’à les incarner dans des formes solides et inaltérables. Il faudrait remonter très haut dans leur histoire pour saisir la trace des efforts et des luttes successives qui ont fondé chez eux une jurisprudence en rapport avec le caractère et le génie de la nation. Nul ne les croirait sur parole, s’ils avaient la puérile vanité de se dire une race à part, n’ayant jamais courbé la tête devant le régime de la force et du bon plaisir. Aussi bien que d’autres, ils ont connu les mauvais jours du despotisme, la chambre étoilée, les commissions extraordinaires, l’extension du crime de haute trahison à tous ceux

  1. Voyez la Revue du 15 août 1867.