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Elle arrive et vite grimpe
Vers l’olympe
D’un pas furtif et jaloux.
Mons Lebel, qui la conseille,
A l’oreille
Lui glisse trois mots bien doux :

Le programme de la fête ;
Puis seulette
L’enferme dans un boudoir,
Sanctuaire de sultane,
Très profane,
Dont le mur n’est qu’un miroir.

Au plafond, à chaque place,
Une glace ;
Dans ces fouillis rococo,
Partout le cristal qui vibre
A l’œil libre
Comme un indécent écho.

Ce spectacle, chose étrange,
Soudain change
En regrets l’émotion ;
La voilà toute confuse
Qui refuse
De croire à l’illusion.

Elle, enfant toute novice
Dans le vice,
Pâlit devant ce cristal,
Qui ricane et répercute
De sa chute
L’éclat honteux et fatal.

Cette beauté qui miroite,
Nue et moite,
Sous son regard interdit,
L’insulte et la calomnie ;
L’ironie
De tous ces feux l’assourdit.

Tête éprise d’un beau rêve,
Fille d’Ève,
Cœur enivré seulement,