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V. L’AUTRICHIENNE (TRIANON).


Un dessin de Carmontelle,
Bagatelle
D’un maniéré fort exquis,
Nous montre un petit bonhomme,
Vêtu comme
Le jeune fils d’un marquis :

Jabot où la main se noie,
Bas de soie.
Le roi lui dirait : cousin !
Cet Amadis svelte et mince,
Ce beau prince,
C’est Mozart au clavecin !

Sur la touche blanche et lisse
Sa main glisse ;
A côté, dans un fauteuil,
Marie-Antoinette assise,
Tout éprise
De son jeu, le suit de l’œil.

Attentive, intéressée,
Sa pensée
Couve ces débuts mignons,
Et se dit : « Encore un maître
Qu’a vu naître
Le pays où nous régnons !

« Haydn, ce vieillard allègre,
Long et maigre,
Avec sa canne à corbin,
Gluck, l’auteur d’Iphigénie,
Ce génie !
Et maintenant ce bambin !

« Grand pays, chère patrie,
Que Marie
Thérèse illustre à jamais,
Vienne, je sens qu’en moi-même
Je vous aime
Comme enfant je vous aimais ! »