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Il n’est si haute et si puissante
Dame, princesse et majesté,
Si rare et si fière beauté
Future, passée ou présente,

Que dans le magique cristal
On ne doive évoquer sur l’heure,
Versailles fût-il sa demeure,
Et Schœnbrunn son palais natal !


III


Hélas ! la fantasmagorie
N’a rien ici que de réel ;
On voudrait du surnaturel,
Tant l’humain navre et contrarie.

Cette apparition qui là,
Là, par cette nuit tropicale,
En blanche robe de percale,
En léger chapeau Paméla,

A glissé devant la charmille,
Puis en silence, avec sa fleur,
S’est effacée… honte et malheur !
Cette ombre,… c’était une fille !

Une fille ! la d’Oliva !
A laquelle hier sa proxénète
A dit : « Sois Marie-Antoinette,
Sois la reine de France, et va ! »

Et le prince qu’on escamote,
Ce Lovelace cardinal,
Donne comme un niais banal
Dans le panneau d’une Lamothe !

Amoureux ? lui ! ce compagnon
Que tout le monde dupe et traîne,
Il prétend qu’il aime la reine,
Et prend pour elle une Manon !

Période étrange, ennemie,
Où s’engouffre la royauté !
Dans le calme et la pureté,
Une femme s’est endormie ;