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J’avais saint Vauvilliers
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Mais parmi ces grands saints, canonisés tout vifs,
Du vicaire de Dieu vicaires adoptifs,
Nul n’était comparable à saint Jordan Camille ;
Chacun valait un saint, lui seul en valait mille.
Cet apprenti sous-diacre, en vrai pauvre d’esprit,
S’était senti toujours du goût pour Jésus-Christ :
Il aimait du vieux temps les sottises prospères,
Et réclamait surtout les cloches de nos pères ;
Cent oisons répétaient ses pieuses clameurs.
Dans le château Saint-Ange, au bruit de ces rumeurs,
Mon âme était ouverte à la douce espérance
De voir des indévots le sang couler en France,
Et j’entendais de loin crier de tout côté :
« Guerre aux républicains ! meure la liberté !
Mais vivent les clochers, la tiare, l’étole,
Camille, et les oisons, sauveurs du Capitole ! »

Dans une autre brochure non plus en vers, mais en prose, aux approches des élections de 1798, on faisait parler d’une part Robespierre à ses sectateurs, et de l’autre Camille Jordan aux siens : Robespierre aux frères et amis, et Camille Jordan aux fils légitimes de la monarchie et de l’église. Robespierre conseillait aux siens toutes les exclusions possibles, excepté celle des terroristes ; mais, faute de terroristes, il préférait encore le royaliste le plus ardent à un républicain modéré, et de son côté Camille Jordan, recommandant des hommes du bon choix, concluait à préférer aussi, en désespoir de cause, des anarchistes à des modérés. Dans ce singulier rapprochement de deux noms qui hurlaient de se voir accouplés, le pamphlétaire concluait que la séquelle de Robespierre, aussi bien que la secte de Camille Jordan, ne redoutait rien tant que l’affermissement de la constitution de l’an M. et que l’un et l’autre appelaient à tout prix une révolution. L’on faisait dire au noble Camille, à la fin de cette espèce de sermon et de capucinade fanatique :


« En vérité, en vérité, je vous le dis et je vous en assure, c’est un nouveau baptême de sang qu’il faut à la France pour la purifier de tant de souillures et pour la rendre digne du rétablissement des autels et du trône. Que la terreur se réorganise, qu’elle couvre encore la république de prisons, d’échafauds, de ruines et d’ossemens ! Et je jure par les saints évangiles que le nouveau 9 thermidor qui terminera ce second empire de la terreur sera le premier jour de la royauté renaissante et affermie pour, les siècles des siècles. Ainsi soit-il. »


Et c’est ainsi que la calomnie s’acharnait sur un proscrit, sur un