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courant d’air forcé, envoi des gaz brûlés eux-mêmes dans les cylindres, voilà des perfectionnemens qui se rapportent à cet ordre d’idées. En tout cas, il ne faut jamais perdre de vue qu’un progrès, nous entendons un progrès théorique, — ne peut résulter que d’une augmentation d’écart dans les températures extrêmes. « Que ceux, dit M. Combes, qui cherchent à perfectionner les machines à feu aient ce principe présent à l’esprit. Qu’ils se rappellent que la nature du corps employé comme intermédiaire entre deux sources de chaleur, quand les organes de la machine sur lesquels il agit sont convenablement appropriés à ses variations de volume et de pression avec la température, n’a pas plus d’influence sur la quantité de chaleur convertissable en travail mécanique que n’en a, dans les machines mises en jeu par l’action de la gravité, la nature des corps qui tombent ou la figure de la trajectoire qu’ils décrivent dans leur chute. Ils s’éviteront ainsi des tentatives dont l’insuccès peut être prévu d’avance, ils économiseront leur temps et leur argent. »

Si l’on nous a suivi dans l’examen qui vient d’être fait des moteurs à vapeur et des moteurs à gaz, on aura vu se formuler d’une façon de plus en plus arrêtée le principe dont nous poursuivons l’exposition. Non-seulement nous savons, comme nous l’avons dit dès le début, qu’il n’y a pas de travail produit sans chute de chaleur; mais, en examinant nos machines telles qu’elles fonctionnent, c’est-à-dire dans les conditions de continuité et de réversibilité qu’elles présentent, nous avons fait un pas nouveau; nous avons reconnu que, dans tous les moteurs opérant entre les mêmes limites de température, le rapport de la chaleur utilisable à la chaleur qui se perd par la chute est constant; nous avons même appris à déterminer ces quantités en fonction des températures extrêmes. On peut donc maintenant se représenter le second principe de la théorie mécanique de la chaleur, soit sous la forme première que nous lui avions d’abord donnée, soit sous la forme plus compliquée à laquelle nous venons de parvenir. Il nous reste à en chercher la signification intime et à en spécifier la portée. C’est le caractère de la thermodynamique de renouveler peu à peu toutes nos connaissances. Chaque vérité qu’elle établit a un immense retentissement et dépasse tout de suite les confins de la science particulière où elle est née. Déjà le principe de Mayer a été l’objet de généralisations audacieuses, prématurées peut-être, mais dignes à coup sûr d’éveiller l’attention de tous les esprits. Le principe de Carnot a, lui aussi, sa généralité, et nous allons pouvoir le présenter sous un aspect qui intéresse le jeu même de l’univers.