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tion de la chambre le principe de la séparation de cette église et de l’état[1], et annonçait, en promettant une juste compensation aux intérêts privés qui seraient atteints, la sécularisation[2] de ses biens. La seconde et la troisième donnaient à cette mesure un commencement d’exécution en décidant qu’une adresse serait présentée à la reine pour lui demander d’abord de cesser de conférer les bénéfices qui désormais viendront à vaquer dans l’église d’Irlande[3], et ensuite de mettre les biens de cette église à la disposition du parlement. Par cette troisième résolution, M. Gladstone entend demander au chef de l’église d’Irlande de renoncer aux privilèges que lui ont conférés des actes du parlement, pour permettre, non à la chambre des communes, mais aux trois pouvoirs souverains qui ont la puissance législative, — la reine constitutionnelle, les pairs et les députés, — de donner aux biens ecclésiastiques une nouvelle attribution.

Le ministère n’ayant pas voulu attendre la discussion de ces trois points, lord Stanley tentait de la prévenir par une fin de non-recevoir. Il opposait à M. Gladstone une déclaration par laquelle la chambre, tout en reconnaissant qu’on pourrait modifier la distribution des biens de l’église d’Irlande, réservait cette question à la décision du parlement réformé qui doit s’assembler dans l’été de 1869. Il présentait cette motion sous forme d’amendement à celle de M. Gladstone, qui, avant de pouvoir obtenir la discussion de ses résolutions, devait demander à la chambre de se former en comité; mais, plus pressés encore que lui, ses partisans ne s’en tinrent pas là, et ne voulurent pas laisser au chef de l’opposition la satisfaction d’ouvrir le feu. En effet, au moment où, selon l’usage, l’un des employés de la chambre venait de lire les lois relatives à l’église d’Irlande sur lesquelles on allait discuter, un membre conservateur demande la lecture de l’article de l’acte d’union qui garantit l’existence de cette église et du serment royal par lequel, à son couronnement, la reine a juré de maintenir dans son intégrité l’église établie des deux royaumes.

Le débat était par cela même clairement défini. M. Gladstone, à la tête de la phalange, compacte cette fois, du parti libéral, demandait nettement et sans équivoque la suppression de l’église officielle d’Irlande. Ses adversaires lui opposaient deux argumens tellement différens qu’on peut les dire presque contraires, et qu’au lieu de se fortifier ils s’affaiblissent réciproquement. L’amendement de lord Stanley, rédigé en termes ambigus et qu’on pouvait au besoin prendre pour une condamnation à échéance de l’église offi-

  1. Disestablishment.
  2. Disendowment.
  3. Et sans doute aussi implicitement d’interdire la création de nouvelles cures.