Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 75.djvu/686

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La campagne s’en va, les arbres tombent, la végétation s’efface devant la masse des constructions. Des morceaux de gazon, dernier souvenir des prairies où paissaient naguère ; les bœufs et les moutons, sont taillés pan la bêche, soulevés avec soin, et, roulés en tapis vont orner les abords des élégantes villas. Qui ne voit combien ce prodigieux accroissement de districts habités doit compliquer de jour en jour les besoins de la surveillance publique ? On calcule que chaque agent de la police métropolitaine est chargé de pourvoir à la sécurité de six cents personnes.

Autrefois, c’est-à-dire jusqu’en 1830, Londres n’était vraiment gardé qu’après le coucher du soleil ; à présent le service se divise en rondes de jour et en rondes de nuit. Les premières parcourent les rues de six heures du matin à dix heures du soir[1], les secondes de dix heures du soir à six heures du matin : Les policemen chargés du service de nuit veillent huit heures, et cela durant huit mois de l’année ; ils font pendant les quatre autres mois le service de jour, et chacun d’eux alterne ainsi successivement. Chaque policeman accomplit sa ronde avec la fidélité d’un mouvement d’horloge ; aussi le sergent ou l’inspecteur sait-il à n’importe quelle heure où trouver les hommes dont il a besoin. On appelle beat le rayon sur lequel s’exerce la vigilance de ces rôdeurs de l’ordre public, et un tel rayon varie selon les circonstances ; mais il est toujours plus étendu pendant le jour que pendant la nuit[2]. Par conséquent la ville n’est jamais, si étroitement gardée qu’à l’heure des crimes. Outre les constables à pied, il existe aussi un corps de constables à cheval auquel on adonné le nom de mounted force, et qu’un étranger serait sans doute tenté de prendre à première vue pour une sorte de gendarmerie. Il ne faudrait pourtant point établir de comparaison ; ces cavaliers ont les mêmes grades et. remplissent les mêmes fonctions que les autres officiers de la police anglaise, à cela près que leurs rondes se prolongent sur une plus grande distance et qu’on les emploie surtout à visiter les districts ruraux de la juridiction métropolitaine. On choisit de préférence pour ce service les jeunes gens accoutumés à l’exercice du cheval.

Non-seulement l’étendue de la métropole est un obstacle avec lequel avait à lutter le système, de surveillance, mais il faut aussi tenir compte des différences de la population et de la variété des mœurs.

  1. Les mêmes gardiens ne pourraient naturellement marcher pendant tout ce temps-la ; aussi sont-ils relevés de faction d’après un ordre invariable. Des patrouilles fraîches prennent tour à tour la place de celles qui ont fait leur tâche, et ces dernières recommencent après un intervalle de repos.
  2. Un beat par exemple de trois milles pendant le jour serait d’un mille et demi peondant la nuit.