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complets, bien que sommaires, intelligibles, bien que techniques, se multiplient et se répandent dans tous les rangs de la société : de là toute une source de faveur populaire. Sans savoir précisément grand’chose de chimie, de physique, d’astronomie, d’histoire naturelle, le public aujourd’hui, sur toutes ces sciences, a des notions qui lui permettent de n’être pas étranger et de prendre intérêt aux incessans progrès qu’il voit s’y accomplir.

Tel serait aussi le service que nous réclamerions pour l’histoire de l’ancien Orient régénérée par l’archéologie. Déjà des tentatives se sont produites en ce genre ; mais ces essais, dignes d’estime sur bien des points, ne sont ni assez récens, ni conçus sur un plan assez large pour comprendre toutes les découvertes qu’il s’agit de vulgariser. C’est donc une entreprise utile à tous égards et opportune au premier chef que le Manuel d’histoire ancienne de l’Orient que vient de publier un jeune archéologue déjà connu par les travaux les plus solides, par la plus vive intelligence de ces sortes de questions, et personnellement, versé dans les sujets d’érudition si variés et si disparates qu’implique cette publication. M. F. Lenormant croit pouvoir affirmer que son œuvre est non pas sans fautes et sans imperfections, mais presque sans lacunes, qu’elle est, à l’heure où nous voici, le résumé complet de l’état des connaissances historiques sur ce sujet immense. Personne malgré son âge, et si accablant que semble un tel labeur, ne pouvait mieux que lui tenir cette gageure. N’est-il pas, presque depuis l’enfance, rompu aux sérieux exercices de l’archéologie et de la philologie par les leçons et l’exemple d’un père qui, lui non plus, n’épargnait pas sa peine, un des esprits les plus prompts et les plus fertiles dont se soit honorée l’érudition de notre temps ?

La méthode du jeune auteur est simple et didactique. Il fait autant de chapitres distincts qu’il y a de groupes dépopulation dans cette famille orientale dont il nous résume les annales rectifiées ; ce sont d’abord les Hébreux, puis les Égyptiens et les Assyriens ; il passe ensuite aux Babyloniens, aux Mèdes et aux Perses, et finit par les Phéniciens. Pour chaque groupe, il commence par exposer la situation géographique des lieux dont il va parler, passe ensuite au récit des faits, et finit par un coup d’œil sur les mœurs, les usages, les arts, les monumens. Son style est clair et facile, sans prétention et sans effort. Peut-être en Allemagne lui reprocherait-on de n’avoir pas au bas de chaque page produit ses sources et ses autorités. Il répondrait que ses deux volumes, déjà compactes tels qu’ils sont, le seraient encore bien davantage et se transformeraient en trois ou quatre tomes, s’il les avait amplifiés de cet accompagnement, au grand effroi peut-être de nos lecteurs français et sous peine de perdre le caractère à demi populaire qu’il est bon d’assurer à ce1 genre de publications.