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les gaz provenant de la combustion qu’après les avoir fait circuler dans une bâche où ils se dépouillent de toute chaleur. De la sorte, quand les gaz sont rejetés définitivement dans l’atmosphère, ils n’ont pas une température supérieure à celle de l’air. Enfin, comme les quantités d’air et d’huile mises en présence dans la boite à feu sont dosées de manière à assurer une combustion complète, ce refroidissement des gaz ne donne lieu à aucune formation de fumée.

Ces détails suffisent pour montrer la différence des méthodes d’investigation employées des deux côtés de l’Océan. Les mesures prises à l’École normale ne sont pas seulement des mesures de laboratoire ; la rigueur des déterminations n’en exclut pas le caractère industriel. Les évaluations faites sur cette base ont conduit à un chiffre de rendement inférieur à celui qui a été accusé par les Anglais et les Américains, mais très supérieur encore à celui de la houille. Il est maintenant positif que la combustion de 1 kilogramme de pétrole brut de Pensylvanie (huile légère, employée à la fabrication de l’huile d’éclairage du commerce) vaporise 15 kilogrammes d’eau : c’est en nombres ronds un pouvoir calorifique double de celui de la houille de Cardiff. Celui des huiles lourdes de Pensylvanie et de quelques autres états américains est moindre ; d’après quelques déterminations très récentes, il parait osciller entre 12 et 13 kilogrammes. C’est un petit désavantage comparativement aux huiles légères ; mais celles-ci offrent des dangers réels par suite de la très grande explosibilité qu’elles doivent aux matières volatiles dont elles sont imprégnées. La Compagnie parisienne du gaz fait reproduire chaque jour, dans une chaudière plus grande que celle de l’École normale, les expériences calorifiques de M. Sainte-Claire Deville, et particulièrement celles qui ont porté sur la combustion des huiles lourdes obtenues par la distillation de la houille. Une première série d’essais a montré à M. Deville qu’un kilogramme d’huile du gaz vaporise un peu moins de 13 kilogrammes d’eau.

Les huiles lourdes du gaz sont soumises à des expériences d’un autre genre sur un troisième point, à bord du yacht impérial Puebla, stationné à Boulogne-sur-Seine. La chaudière est forte de 60 chevaux, l’espace restreint, et il s’agissait de trouver une disposition de grille verticale pouvant brûler de très grandes quantités d’huile sur une très petite surface. On y a réussi : 60 kilogrammes d’huile par heure sont distribués régulièrement le long de la paroi antérieure de la boîte à feu. Un ventilateur mis en mouvement à bras d’homme insuffle l’air nécessaire à la combustion initiale ; aussitôt que la pression de la vapeur dans la chaudière est suffisante pour faire marcher la machinerie ventilateur est arrêté, et l’appel d’air se fait au moyen du jet de vapeur qui sort des cylindres, exactement comme dans les locomotives. Un robinet de secours, faisant l’office de souffleur, envoie dans la cheminée un filet de