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politique de résistance que Louis-Philippe pratiquait avec un si constant et si regrettable succès. Habitué aux meetings et aux tumultueuses réunions populaires de l’Angleterre, le roi des Belges laissa le congrès libéral se réunir, discuter, arrêter son programme, et après que les élections eurent mis les catholiques en minorité, il n’hésita pas à former son cabinet précisément de ces hommes qu’on lui conseillait de proscrire. L’année suivante vint montrer laquelle des deux politiques était la plus sage. Le même ébranlement qui renversa le trône de Louis-Philippe affermit celui de Léopold, parce que le premier s’efforça de comprimer la force ascendante de la démocratie, tandis que le second ne craignit pas de s’y associer : mémorable leçon que les souverains ne devraient pas oublier.

Les idées de réforme sociale qui firent explosion en 1848 ne semblent avoir causé à Léopold aucune de ces terreurs insensées qui provoquèrent chez tant d’autres de si lâches abdications. Il en tira au contraire la conclusion qu’il fallait s’occuper sérieusement du sort des travailleurs. Notre siècle est le siècle des ouvriers, a dit un jour M. Gladstone. Le mot n’est pas venu au roi Léopold, mais l’idée ne lui était pas étrangère. En 1849, il écrit au ministre de l’intérieur, M. Rogier : « La question du droit au travail a été agitée, et l’attention des populations ouvrières s’est portée sur les différentes théories mises en avant en faveur du travail. Sans vouloir donner une opinion sur cette grave question, je dois pourtant dire