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paraît avoir été induit en erreur du fait de M. Lavallée, soit directement par des dates arbitraires, soit indirectement par suite de ses propres efforts pour retrouver son chemin, qu’on lui avait fait perdre.

Malheureusement, on aperçoit, en étudiant les trois volumes manuscrits des archives de Mouchy, que les inexactitudes dont nous venons de parler ne sont pas les seules dans le quatrième volume de M. Lavallée. Il n’a pas rendu avec assez de scrupule les textes qu’il avait sous les yeux. Certes ce n’est jamais de propos délibéré, ni dans une vue partiale, qu’il modifie le sens ou l’expression ; mais c’est par des inadvertances qui étonnent, et qu’il faut sans doute attribuer à la fatigue d’un si long travail ou bien à la maladie. Lui, dont le but constant est de nous rendre enfin pures de tout mélange les pages que La Beaumelle a de toute façon corrompues, croirait-on que parfois il laisse subsister des mots ou même des phrases de La Beaumelle au milieu de lettres copiées quant au reste sur les originaux ? — Plusieurs lettres adressées au cardinal de Noailles, par exemple celle qui est datée par Mme de Maintenon simplement du 8 mars, et que M. Lavallée a insérée sous la date du 11 mars 1696, montrent l’emploi d’un chiffre pour les noms de personnes : « vous savez, monseigneur, ce que je vous ai mandé par 48 sur 480, etc. » Ce chiffre alterne avec des expressions fictives. Fénelon est désigné par ces mots : « le chef des modernes, » les Noailles sont « la tribu, » le maréchal s’appelle « le patriarche, » la Sorbonne s’appelle « la famille. » Or, pour M. Lavallée, chacune de ces indications est une énigme qu’il accompagne de notes comme celle-ci : « je n’ai nul moyen de traduire, » ou bien il passe sans nulle explication, ou même il supprime. M. Lavallée n’avait cependant qu’à tourner la page du volume manuscrit : au revers du dernier feuillet de la lettre du 8 mars, on voit la clé envoyée par Mme de Maintenon ; La Beaumelle, qui a eu, nous le répétons, ces papiers entre les mains, a connu ce document, et il n’a pas manqué d’en faire, à travers ses transformations habituelles, un perpétuel usage. Conçoit-on que M. Lavallée ait pu négliger de telles informations, absolument indispensables pour expliquer certains traits d’une correspondance qui fut pendant plusieurs années très active et très importante ? — Ailleurs encore

    premières, en donne connaissance sur l’heure, par un court billet, à l’archevêque de Paris. Elle continue, par ses lettres des 1er, 2 et 5 janvier 1696, à le tenir au courant de cette affaire, qui put bien n’être pas publique à la cour dès les premiers jours. Les interrogatoires et tout le procès étant de 1696, Dangeau a pu d’autant plus aisément employer l’expression : « ces jours passés, » et Saint-Simon considérer l’affaire comme appartenant à cette dernière année.