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demeure faute de vouloir suivre les cours, c’est là une extrémité qu’il évite le plus possible. La vérité est même qu’il apporte beaucoup plus de re flexion dans la vente de ses produits que dans la culture de sa terre. Sous le premier rapport, il peut, comme on dit, voler de ses propres ailes, tandis que sous le second il a encore besoin d’aide, de conseil et surtout d’exemples.

Les progrès si notables accomplis dans la culture depuis vingt-cinq ou trente ans, on les doit presque partout des deux côtés de la Loire, dans le pays de Retz comme dans les cantons de Guérande et d’Herbignac, à l’intelligente initiative de quelques propriétaires. Sous cette impulsion, les terres ont été mieux traitées; on s’est mieux rendu compte de la nature du sol et de celle du sous-sol. Les jachères ont été peu à peu moins prolongées. On a su en outre faire une certaine place six agens mécaniques, non pour le labourage ou les semailles, — ce qui n’est guère praticable sur un sol très divisé et qu’entrecoupent à chaque pas des fossés et des haies, — mais pour le battage du blé. A l’antique fléau a succédé partout le manège mû par des animaux ou la machine à vapeur. Cette première conquête de la locomobile circulant de ferme en ferme a même éveillé l’idée d’association, qui est visiblement destinée à pénétrer de plus en plus dans les habitudes rurales à mesure que les propriétés se morcelleront davantage. Souvent plusieurs fermiers se réunissent pour acheter un appareil quelconque, un manège par exemple, dont ils se servent à tour de rôle. Cette méthode seule pourra permettre à la petite propriété, en conservant les avantages sociaux qui lui sont propres, de contre-balancer les inconvéniens économiques de la division.

Sans doute de nouveaux perfectionnemens sont à réaliser; il reste à réduire encore la durée des jachères, à perfectionner le système des assolemens et à varier davantage les cultures. On doit aussi s’occuper plus activement du bétail : non pas qu’on puisse jamais trouver dans ces districts, où le sous-sol est fréquemment imperméable, un pays pour l’élevage en grand des bestiaux; la nature du terrain, trop dur l’été et trop imprégné d’eau l’hiver, ne convient pas à toutes les plantes fourragères. Cependant le nombre des bestiaux est bien au-dessous du chiffre qu’il pourrait atteindre, au grand profit du fermier. En fait de plantes fourragères, de récens succès obtenus dans certaines cultures par plusieurs propriétaires et sur divers points attestent qu’il y a plus d’un essai utile à tenter. D’après la peine qu’on est obligé de se donner pour arracher l’herbe poussant d’elle-même dans les champs ensemencés, il est impossible de désespérer d’en faire venir quand on saura mieux s’y prendre. Un progrès d’un autre genre est évidemment praticable dès ce moment, Il devrait même