Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 79.djvu/663

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bulle d’excommunication, l’orage soulevé domina tous les efforts de l’habile confident de Napoléon, et lui-même comprit qu’il ne pourrait jamais réussir à le faire passer. Déjà, dans le sein de la commission particulière, quelques-uns de ses collègues lui avaient représenté à quel point il était imprudent de réveiller une question assoupie, et combien l’agitation politique que ce réveil causerait dans l’esprit des catholiques, surtout de l’autre côté des monts, serait contraire aux intérêts de l’empereur. Pour écarter leurs objections, l’évêque de Nantes avait dû donner à entendre que tel était bien également son avis, mais qu’il n’avait pas dépendu de lui de garder le silence sur un sujet aussi délicat. L’empereur avait exigé qu’il en parlât. Mis en présence du concile entier et frappé de la formidable opposition qu’il voyait se dresser devant lui, M. Duvoisin perdit courage, et, après un peu d’hésitation, offrit de supprimer le malencontreux paragraphe. Ce fut un soulagement universel.

Justement parce qu’il venait de céder sur un point aussi important, ce qui risquait de mécontenter beaucoup son maître, l’évêque de Nantes tenait d’autant plus à faire accepter plusieurs autres propositions qu’il avait également déduites du troisième article de la déclaration de 1682. La première était celle-ci : « quand une église suit, une discipline approuvée par le saint-siège, un pape ne peut changer ni révoquer ce qu’ont abordé ses prédécesseurs. » Le cardinal Spina, avec beaucoup de calme, mais aussi de précision et de vigueur, se mit à combattre cette doctrine. Pour démontrer que l’assertion était fausse ou du moins n’était plus applicable, il s’appuya sur ce qui s’était passé tout récemment en France de l’aveu et sur la demande de Napoléon lui-même. « Le dernier concordat signé à Paris n’avait-il pas non-seulement détruit la discipline de l’ancienne église gallicane, mais bouleversé du même coup tout l’ordre ecclésiastique qui existait avant la révolution ? » Il était difficile que cette argumentation ne fût pas admise par une assemblée de prélats dont quelques-uns occupaient des sièges que les anciens titulaires réclamaient comme leur appartenant encore en vertu des anciens canons de l’église. Ainsi pris au défaut de la cuirasse, M. Duvoisin dut se rendre ou à peu près, et la proposition primitive fut modifiée en ces termes : « un pape ne peut révoquer ce qu’ont accordé ses prédécesseurs, sinon dans les circonstances extraordinaires et quand les besoins de l’église le demandent. »

Venait ensuite une seconde proposition, déduite, celle-là, du premier article de la même déclaration de 1682, et que M. Duvoisin avait rédigée de la façon suivante : « toute censure de l’église ou