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convaincues que l’évêque de Gand et ses co-détenus, les évêques de Troyes et de Tournai, ne devaient compter ni sur l’assistance de MM. Fesch et Duvoisin, ni sur le courage de leurs collègues du concile.

Que pouvait attendre l’église elle-même d’une assemblée dont le président et le principal meneur laissaient voir de semblables sentimens ? Il nous tarde à nous-même d’en finir avec la séance du 5 août, qui allait clore si misérablement le concile de 1811. M. l’archevêque de Tours commença par y faire lecture d’un rapport qui donnait pour la première fois connaissance officielle des négociations entamées à Savone et qui mettait enfin sous les yeux des prélats le texte positif de l’écrit laissé entre les mains du saint-père. Ce rapport avait été préalablement soumis à l’empereur, qui en avait retranché ce qui lui avait déplu[1]. Le président ouvrit alors la discussion, d’abord sur deux propositions distinctes dont nous allons parler tout à l’heure, puis sur le projet de décret qu’il avait déjà individuellement offert à la signature des évêques. Le cardinal Maury s’empressa de faire remarquer que, les pièces en question étant déjà connues et approuvées de la majorité, la discussion devenait entièrement inutile. On mit donc aux voix séparément les deux propositions. La première était conçue à peu près dans ces termes : « le concile national est compétent pour statuer sur l’institution des évêques en cas de nécessité. » L’évêque de Chambéry demanda qu’on la rédigeât ainsi : « en cas d’extrême nécessité. » Cet amendement ne fut pas soutenu, et presque tous les évêques se levèrent pour l’adoption. Aussitôt qu’ils se furent rassis, l’archevêque de Bordeaux, se levant à son tour, déclara formellement qu’il n’adhérait en aucune manière à cet article, et qu’il persistait à regarder le concile comme absolument incompétent pour statuer en aucun cas sur l’institution canonique des évêques. Un petit nombre de ses collègues votèrent comme lui. La seconde proposition était la suivante : « si le pape refuse de confirmer le décret que le concile fera sur l’institution des évêques, ce sera là le cas de nécessité. » Cet article d’une si haute importance ne fut même pas mis aux voix ; il fut adopté en silence par une sorte d’adhésion tacite. Ensuite on passa au décret lui-même, qui fut adopté par assis et levé à peu près à la même majorité que la première proposition. Le décret, signé par le président et les secrétaires du concile (on avait au début de la séance installé au bureau de nouveaux secrétaires), se composait des articles suivans :

  1. « Je vous renvoie le rapport de l’archevêque de Tours, où j’ai effacé les choses qui m’ont paru inconvenantes… » — L’empereur à M. Bigot, ministre des cultes, 21 Juillet 1811. (Cette lettre n’est pas insérée dans la Correspondance de Napoléon Ier.)