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signature. « S’il en est ainsi, répliqua M. de Beaulieu, veuillez me compter pour le quatorzième. »

Ainsi finit le concile national de 1811, vérifiant la cynique prophétie du cardinal Maury, prophétie dont il était si content qu’il n’avait pas cessé d’aller la répétant à tout propos depuis la dissolution du concile : « notre vin n’a pas été trouvé bon en cercle, vous verrez qu’il sera meilleur en bouteilles. » Un autre mot moins connu, également sorti d’une bouche ecclésiastique, nous indique ce que la postérité pensera peut-être un jour du parti auquel s’arrêtèrent en cette solennelle circonstance les membres les plus nombreux de l’épiscopat français. Au cardinal Pacca, qui parlait sévèrement devant lui de la conduite de la majorité du concile réuni à Notre-Dame, un évêque de la restauration dont la conduite n’avait pas été des plus fermes pendant l’empire répondit par forme d’excuse : « Que voulez-vous, éminence ? il n’y a pas de bon cheval qui ne bronche. — Peut-être, repartit l’éminence italienne, mais toute une écurie ! »

On ne peut se défendre d’un sentiment de tristesse en songeant à cette dernière séance du concile national. Il avait mieux débuté. A défaut de plus fortes convictions, l’esprit de corps avait suffi aux membres de cette assemblée pour résister tant bien que mal aux fantaisies de Napoléon aussi longtemps qu’il leur avait été permis de délibérer en commun ; ils ne surent plus se défendre contre lui à partir du jour où il entreprit de les intimider et de les séduire isolément. Pour continuer à dérouler la suite de ce drame, il nous faut présentement retourner auprès du malheureux prisonnier de Savone. Les scènes qu’il nous reste à raconter ne seront pas, hélas ! moins fâcheuses ; nous allons voir d’autres pièges, non moins perfidement tendus, envelopper le chef de la catholicité, et celui-ci même y tomber. Le tour de Pie VII était venu après celui des évêques de France. Comme eux, comme tout le monde à cette fatale époque, il était destiné à plier devant l’homme extraordinaire qui, chose déplorable à confesser, n’a guère rencontré qu’après sa chute de contradicteurs. véritablement résolus.


D’HAUSSONVILLE.