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Une seconde expédition eut lieu en 1741. Organisée sur une large échelle avec toutes les ressources dont la marine russe pouvait disposer, elle avait pour but spécial de rechercher d’abord les limites du continent américain, puis de revenir au sud jusqu’à l’archipel du Japon, et de pousser au nord aussi loin que les glaces ne barreraient point le passage. Behring cette fois était assisté d’un nombreux état-major de marins et de savans. Il établit son quartier-général à Petropavlosk, petite ville récemment fondée dans la baie d’Avatcha. Après y avoir passé un hiver pendant lequel plusieurs membres de l’expédition se livrèrent à diverses recherches sur l’histoire naturelle du Kamtschatka, il mit à la voile en se dirigeant droit vers l’est. Un coup de vent sépara presque aussitôt ses deux navires, le Saint-Pierre et le Saini-Paul ; ils ne devaient plus se rejoindre. L’un d’eux ne tarda point à découvrir la côte américaine. Tschirikof, qui le commandait, envoya à terre deux canots dont les équipages furent massacrés par les naturels ; puis il continua sa campagne sans de graves incidens, et revint à Petropavlosk après avoir vu périr du scorbut une partie de ses compagnons. L’autre navire était commandé par Behring lui-même. Le jour de Saint-Élie, il aperçut une montagne haute de 3,000 mètres, le mont Elias, qui fait partie du continent américain. Il fit voile ensuite vers le nord en suivant la côte, visita plusieurs des îles aléoutiennes et l’intérieur de quelques baies profondes. A la fin, l’équipage, décimé par le scorbut, devint insuffisant pour la manœuvre ; le vaisseau s’échoua assez doucement sur une île. Les malades furent sauvés et mis à terre ; mais la plupart moururent en débarquant. Behring lui-même ne tarda point à succomber. Les survivans construisirent un petit bâtiment avec les débris du navire, et regagnèrent avec beaucoup de peine le port d’où ils étaient partis. L’île sur laquelle Behring est mort conserve le nom de ce malheureux navigateur.

le capitaine anglais Cook parut à son tour dans ces parages ; il arrivait d’Europe par le cap de Bonne-Espérance, et il avait suivi le littoral de l’Amérique depuis la Californie, du sud au nord, ne s’en écartant que lorsqu’il y était contraint par les brouillards ou par de gros temps. Il releva la position des nombreuses îles éparpillées le long de cette côte, qui est dentelée comme celle de Norvège ; il se mit en rapport sur plusieurs points avec des naturels qui paraissaient n’avoir jamais vu d’Européens, puis il franchit le détroit et atteignit le 70e degré de latitude, où il fut arrêté par des banquises. La saison était avancée ; il revint au sud avec l’intention d’hiverner aux Sandwich et de reprendre ses explorations l’année suivante. On sait qu’il y fut tué dans une querelle avec les indigènes.