Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 81.djvu/1043

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

eux-mêmes. C’est le plus grand effort qu’ait encore fait parmi nous l’esprit d’association.

La réunion générale s’est ouverte à Paris le 16 décembre dernier ; elle n’a duré qu’une semaine. Cinq ou six cents membres y ont pris part, et parmi eux il s’en trouvait qui étaient venus des départemens les plus éloignés. Plus de 80 comices ou sociétés d’agriculture de province y avaient envoyé des délégués. Les deux premières séances ont été absorbées par le vote des statuts et les élections ; les discussions sont venues après. Quoique nécessairement fort sommaires, elles suffisent pour donner au compte-rendu qui les résume un sérieux intérêt. Ce compte-rendu a près de 600 pages. La société s’était divisée pour l’ordre de ses travaux en dix sections ; les conclusions, préparées d’avance par les sections, étaient portées ensuite à l’assemblée générale et mises aux voix.

La première section, agriculture proprement dite, a saisi l’assemblée générale de deux rapports, l’un sur les engrais, et l’autre sur le labourage à vapeur. L’assemblée a émis sans discussion des vœux pour la suppression de tous droits d’entrée sur les matières fertilisantes, pour l’abaissement des tarifs des chemins de fer en ce qui concerne le transport de ces matières, pour une étude approfondie des moyens de conserver les engrais des villes et de les rendre à l’agriculture ; elle a décidé en outre qu’elle fonderait un prix pour le meilleur mémoire sur les moyens pratiques d’utiliser ce qu’on appelle l’engrais humain. Le rapport sur le labourage à vapeur proposait d’établir aux frais de la société un concours public de machines à labourer ; on a évalué à mille le nombre des machines de ce genre qui fonctionnent aujourd’hui dans les îles britanniques, tandis que la France en est encore aux essais. Cette proposition a rencontré d’autant plus de faveur que la première idée de la Société des agriculteurs de France est née précisément dans un semblable concours, organisé en 1867 au moyen de souscriptions volontaires après l’avortement de l’exposition agricole de Billancourt.

La seconde section, économie du bétail, s’est occupée d’abord du typhus contagieux des bêtes à cornes qui a fait récemment tant de ravages dans les pays voisins ; l’assemblée a approuvé les moyens de défense employés par le gouvernement et consacrés par la loi de 1866, en y ajoutant un vœu formel pour le maintien du principe de cette loi qui accorde une indemnité des trois quarts de la valeur aux propriétaires des animaux abattus pour cause d’utilité publique. Un autre rapport a provoqué une vive opposition ; il s’agissait d’organiser à Paris en 1870, par les soins de la société, un concours d’animaux reproducteurs de toutes tes espèces domestiques. Les questions délicates que soulèvent les concours d’animaux, surtout quand ils ont leur siège à Paris, ont mis en présence les opinions les plus opposées. La proposition a été renvoyée à une commission. L’assemblée a émis ensuite le vœu que les sels dénaturés pussent être employés francs d’impôts à l’alimentation du bétail.